Comme un goût amer

whoareureally

Assis à terre, la tête dans mes bras qui entourent mes genoux, les yeux fermés, je me remémore les derniers jours – je n'ai aucuns remords. Je ne cesse de me chercher une excuse, de me pardonner ; en vain.


« Crise d'un jour,

Victime de mes nuits,

Un poids trop lourd

Retirant des vies. »


20h17.

« Reportage spécial en direct. Un corps a été retrouvé sur le bord de l'autoroute. Les experts ont trouvé des entailles profondes au niveau de la poitrine et des traces bleues au cou de la victime. Le cœur a été retiré, il reste introuvable... »


Je me relève et donne un coup au mur en criant de toutes mes forces. Puis une deuxième et une troisième fois, ne cherchant plus qu'à le détruire. Mes os craquent au fil des coups, ma peau se déchire. Mes poings s'abattent avec rage, mes cordes vocales explosent sous mes hurlements perdus. Ils font l'écho de ma haine envers eux et moi-même, envers ce tout et rien qui me constitue. Je ne m'accepte pas, je n'y arrive pas. Je ne dois plus continuer, je ne dois plus recommencer, jamais. Je ne dois plus être, je dois changer. Mais c'est trop tard, bien trop tard.


"Article 6 – Nouveau meurtre.

C'est arrivé il y a deux jours, dans une ville au beau milieu de la campagne. Le corps d'un homme a été aperçu dans un ravin, près d'une petite route. Des marques et une entaille sur la poitrine affirment que l'homme a été poignardé après avoir été découpé afin de récupérer le coeur. Le criminel n'a pas été retrouvé. "


Je déchire le journal, les mains tremblantes. Je le détruis, le mets en miette, en mille morceaux. Je froisse certaines pages que je jette contre les murs en criant, toujours tremblant. Je ferme mes poings ensanglantés, me retenant de les envoyer ici et là. Ma respiration est irrégulière, mon souffle fort. J'ai peur. J'ai peur de l'avenir, du présent et du passé – de moi-même. Je me fais peur, si peur, je perds tous mes moyens. Je cris, me débats contre ma rage, ma perte de retenue. Je me laisse sombrer dans un nuage noir de détresse, de folie – un nuage de la couleur de mes pensées. Je ne m'écoute plus, ne m'entends plus – je hurle en silence à m'en faire éclater les tympans.


« - Nous accueillons aujourd'hui à la radio un grand psychiatre réputé dans les dernières affaires meurtrières. Bonjour, docteur J.

- Bonjour.

- Que pensez-vous de ce qu'il s'est passé ces derniers jours ?

- Nous avons à faire là à un cas particulier, un grand meurtrier. Il tue sans scrupule, on peut le voir dans les blessures provoquées. On suppose un psychopathe affirmé, un assassin sûr de lui. Pas une faute, une seule erreur produite dans la mise en action de ces meurtres, il s'y connaît et, oui, on peut le dire, il s'y prend à merveille. De plus, les meurtres se ressemblent tous : un auto stoppeur qui rentre dans une voiture afin de se faire conduire à une destination voulue et qui ressort un peu plus loin inerte, en sang et le cœur en moins. Nous en déduisons donc que c'est le même chauffeur à chaque fois dans la voiture.

- Et pourquoi cette obsession d'enlever le cœur à la victime ?

- Je pense que le meurtrier nous fait passer un message. En retirant le cœur, il montre une propre blessure au même endroit. Il la fait donc subir à sa victime pour s'en libérer, une sorte de vengeance personnelle si vous préférez.

- Merci pour toutes ces informations… »


Le poste de radio vole à travers la pièce sous un coup puissant. Il se fracasse contre le mur et explose, se séparant en plusieurs pièces qui s'éparpillent au sol. Un dernier grésillement en sort avant que le silence ne reprenne place.


N'arrivant plus à les retenir, des larmes dévalent mes joues. Elles viennent s'écraser au sol tandis que je m'y effondre à genoux, faible et fatigué. Je pleure et relâche le stress et la rage accumulés, ne me retenant plus – ne supportant plus. Je recommence à crier, encore et encore, éclatant en sanglots. J'ai le nez qui coule, les yeux gonflés et rouges, la mâchoire contractée. Je suis perdu, déboussolé, un incapable. Je me sens faible ; je suis faible.

Les pas dehors ne me font pas peur, je les attends. Ma porte qui vole en éclat non plus, ça devait arriver. Et encore moins les policiers qui rentrent en pointant leurs armes sur moi, me demandant de ne plus bouger.


À genoux au milieu de la pièce seulement remplie de boîtes plus ou moins empilées, elles-mêmes remplies des cœurs de mes victimes, je suis prêt. Un pistolet à la main posé sur ma tempe, j'appuie sur la détente en pleurant un « désolé » désespéré.

  • Whaohhhh !! bravo ;-)

    · Il y a presque 9 ans ·
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    Patrick Gonzalez

  • Avec honnêteté c'est tout simplement incroyable, fabuleux, grandiose, un très beau style d'écriture.

    je ne suis habituellement pas très positive et facile à être convaincu du premier coup mais là je tire mon chapeau.

    Mise a part un tout petit minuscule détail autrement dit la découpe de tes phrases est parfois maladroite mais c'est parfait tu créer un véritable atmosphère à ton texte et c'est extrêmement plaisant.

    PS: A la limite j'aurai aimé que la fin ne soit pas aussi rapide mais ce n'est que mon avis et c'est toi qui écrits franchement ce personnage est très bien construit. Encore une fois chapeau !

    · Il y a presque 9 ans ·
    Ange dechu tattoo

    Lu Relu

    • Merci beaucoup, je garde conseil de ton commentaire !

      · Il y a presque 9 ans ·
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      whoareureally

    • De rien tout le plaisir est pour moi.

      · Il y a presque 9 ans ·
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      Lu Relu

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