Comme vous l'entendez

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Aimer le bruit des galets de la grève d'Étretat, quand ils craquent sous les chaussures.

Aimer la voix des vagues sur le rivage de Varengeville-sur-Mer, quand elles vont et reviennent.

Aimer le souffle du vent quand il va vite sur les bords de la Manche, du port de Calais aux pierres là-bas de Brest.

Aimer le roulement des roues rondes des petits TER, quand elles partent de rails en rails.

Aimer l'intonation de Simone Héraut, quand elle prononce les noms imprononçables des gares de campagne.

Aimer entendre Montastruc-la-Conseillère au sud.

Aimer entendre Ermont - Eaubonne au nord.

Aimer entendre Prissé-la-Charrière à l'ouest.

Aimer entendre Romanèche-Thorins à l'est.

Aimer les accents du sud-ouest, quand ils disent gavé, rose, poche, escagasser, mascagner, escogriffe, à'men'donné.

Aimer Jean-Pierre Pernault, quand il marmonne ses mots et commente les images des petits paysans dans la garrigue.

Aimer les mots muets des mouettes sur les côtes rocheuses de la Normandie en mai.

Aimer les chants des grillons quand le crépuscule fond sur les arbres brûlés de la forêt landaise.

Aimer les mots d'amour de Petite Marie, et les petits cailloux de Francis Cabrel.

Aimer les cordes, chaudes, de la musique baroque et de la viole de gambe du XVII° siècle.

Aimer l'air dans les tubes de bois des flûtes de pan, et les airs au cœur de la Cordillère des Andes.

Aimer les rires, les chansons, les questions des enfants.

Aimer le débit rapide et les phrases avortées aussitôt d'Adèle Haenel.

Aimer le timbre grave, et le ton insouciant d'ado d'Adèle Exarchopoulos.

Aimer la chaleur, profonde, des paroles sensuelles de Scarlett Johansson.

Aimer la respiration haletante et les cris retenus des femmes, l'une nue essoufflée enlacée au corps de l'autre.

Aimer les je t'aime quand il n'y a avant eux et après eux que le silence.

Aimer.

Aimez.