Concept
kelen
A se perdre dans les couloirs de nos colères
On s'écroule, on recule, on se sépare et se perd
Au croisement de deux décors on se découvre si seul
Du dégoût, c'est tout ce que nos corps crachent et dégueulent
Mais est-ce que t'entends comment se tendent nos existences
Quand s'étendent nos heurts dans les artères de nos résistances
Y'a ce tonnerre de résignation qui scelle de son sceau nos révoltes
Quand l'amour de nos pairs se disperse et fond en millions de volts
Y'a cette violence verbale qui vocifère tout le vice de nos vies
Comme l'encre bave sur nos feuilles déflorées par nos cris
On décrit ces accrocs comme des crises de spasmophilie
Mais combien de coeurs sont KO sur l'carreau de nos écrits?
L'écart se creuse entre ceux qui boivent et ceux qui abreuvent
Et ma carte bleue crâme à mesure que crève mes rêves
L'épée des apôtres de la peine tranche nos catétaires
Déterminés à nous miner et nous mener à l'asphyxie
A quand la trève pour ceux qui triment et traînent
ces cadavres d'utopie quand l'étau de l'Etat les plie ?
Derrière nos slogans on sait ou se logent nos pires adversaires
Qui font couler le khôl jusqu'à décoller nos paupières
Nos peaux transpirent quand on comprend que le pire est à venir
Et que l'avenir est en passe de trépasser et se pervertir
Les pères picolent pour ne plus penser à nous tabasser
Alors que les huissiers brassent nos billets si durement amassés
Combien de crânes fracassés sous les crosses de nos banquiers?
A force de dépeindre le dépit, nos peines se sont incrustées
Moi j'ai amputé la colonne crédit sur mon relevé
Mais c'est pas pour autant que je compte un déficit d'humanité
Il suffit de pas grand chose pour accéder à une sorte d'extase
Encore faut-il qu'on nous accorde le droit d'écrire quelques phrases
Car à cadenasser nos caboches, ils amochent nos capacités
En nous rabachant qu'il suffit de bosser sans s'exciter
Mais ou est le sens de tout ça quand on censure nos futurs
Et qu'on se résigne à signer pour trente ans de brûlures?
Je veux un toit, pas un taudis, regarde les jeter les gens dehors pour des euros
Je veux manger, pas me gaver, regarde les affamer le monde pour des zéros
C'est sûr qu'ils érigent leurs empires avec nos viscères
Mais la terre mère vengera nos pères et nos mères
Et fera trembler leurs palaces dorés comme des châteaux de cartes
File moi des pierres que je caillasse moi aussi leurs putain d'appart!
Le sexe et l'alcool ne suffiront jamais à nous faire oublier
Qu'il nous manque l'essentiel pour nous délivrer, c'est ça la vérité.
J'ai rien. Et je ris. Je rate ma survie et mon suicide
Avec la sensation de ne jamais achever ce corps qui se ride
Mais si j'y regarde de plus près je comprends que l'essentiel subsiste
Et que ceux qui se mentent et ceux qui se minent sont bien plus tristes
Alors si je peux me permettre, ne me poussez pas à posséder
Car à céder aux sirènes de la soumission capitaliste, on spolie nos idées
Mon unique souhait sur cette sphère c'est de ne plus vivre menottée
Et qu'on m'autorise à maîtriser ma ligne de vie sans lettre recommandée
J'veux reprendre entre mes mains les commandes de mon destin
Et brûler ces amendes qui taxent et hypothèque mes lendemains
J'veux qu'on me laisse me déclasser sans sermon paternaliste
J'veux qu'on me laisse marquer leurs noms sur la liste
Et si tu crois qu'tout ça est impossible dans le contexte
C'est juste parce que tu ne t'autorises plus de nouveau concepts
Mais si tu fais céder les scellés de ton coeur t'y verras le mot « espoir »
Et ça, ça vaut bien tous l'or de ces damnés de l'Histoire.
La liberté et la non possession qui entrave, c'est si dense que je me refais une lecture et encore une autre ! Merci Kelen pour cette saine fougue !
· Il y a presque 13 ans ·theoreme