Conclusion

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Et pourtant ils fuient tous comme des bêtes affolées, Ils courent, ils volent, vers de nouvelles nouveautés...

 

Elle n’avait pas vraiment choisi de partir au Québec. Bien sûr elle avait voulu partir, elle avait fait toutes les démarches nécessaires et affronté la montagne Administration. Mais la destination s’était présentée à elle comme une évidence sans qu’elle dû supporter le poids du choix. On lui avait dit « Vous avez le choix entre Nouvelle-Zélande et Québec. », elle avait tout de même entrevu « l’éventualité Nouvelle-Zélande » mais elle ne parlait pas anglais, la question était close.

Elle s’interrogeait sur cette attirance pour le Québec qu’elle venait de se découvrir. Au fond elle avait conscience que ce désir qui la taraudait si fort n’était pas la découverte de la culture québécoise à proprement parler, ni d’aucune autre. Mais c’était le désir de partir.

Pourtant elle était pleinement satisfaite de la vie quelle menait : Etudiante dans un domaine qui la passionnait, issue d’une famille plutôt aisée et bienveillante, elle ne manquait ni d’amis, ni de passions. Elle aimait et cet amour rayonnant dirigeait sa vie, « Peut-être trop ? » lui reprochait-on souvent. Mais quel but peut-avoir la vie, si ce n’est d’être sociale ?

Lorsqu’elle à reçu la lettre qui devait lui annoncer la décision, ses mains se sont mises à trembler. Elle s’est assise et à décacheté cérémonieusement l’enveloppe. Le mot « félicitations ! » à jaillit suivit aussitôt de ses larmes. Etait-ce joie ou détresse ? Elle sentait qu’il se passait alors quelque chose de grave. Cette réponse positive, comme une sentence, s’est abattue lourdement sur ses épaules alors qu’elle croyait déjà se sentir plus légère.

Elle a donc fait ses valises. Les adieux ont étés longs comme une agonie. Depuis que la décision était prise, chaque instant était un ultime instant, chaque regard le dernier, chaque étreinte désespérée. On a fait trainer ça, les dernières embrassades se sont renouvelées le lendemain jusqu’au point de non-retour, jusqu’à la montée dans le train.

Déchirement ! Ils étaient tous là, ceux qu’elle chérissait le plus. Sa famille, ses amis et Lui. L’incertitude sourde qui l’étreignait depuis des jours à soudain éclaté : Elle ne voulait pas partir ! Elle s’était persuadée qu’elle était curieuse de tout ça, qu’elle rêvait de voyages et d’exotismes, qu’elle en avait véritablement besoin et qu’elle en reviendrait changée, positivement évoluée. Mais en cet instant elle ne voulait plus qu’une chose : Rester auprès des siens. Elle sentait qu’elle n’avait au fond jamais voulu se séparer d’eux. Pire encore, elle venait de comprendre que tout ce qu’elle recherchait était ici, sous ses yeux depuis toujours. Quant à eux, ils étaient là, avec elle jusqu’au bout, la soutenant même dans sa décision de les abandonner. Ils lui souriaient tristement alors qu’elle tranchait de sang froid le lien qui l’unissait à eux.

C’était trop tard. Déjà elle était dans le train, et se laissait emporter, frappant mollement la vitre qui la séparait d’eux. Elle se sentait idiote, pourquoi avait-elle tant voulu partir ? que croyait-elle trouver là-bas ? Que cherchait-elle qu’elle n’avait pas déjà ? Consciente qu’elle venait de se fabriquer une raison de ne plus être heureuse, consciente de ce qu’elle risquait de perdre. « Est-ce que ça en vaut la peine ? » elle concluait « Je pars, mais à quel prix ? » Pendant le long chemin qui l’emmenait à Paris elle n’a cessé de sangloter convulsivement.

Tout alors n’était que questions. Elle s’est laissée guider jusqu’à l’aéroport, et jusque dans l’avion, suivant la masse, sans trop réfléchir. Elle se sentait amorphe. Lorsque l’avion à décollé elle s’est reprise et à souri.

Elle était partie.

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