Conduite à hauts risques

Francisco Varga

Chronique sur la conduite en thailande.

Juste un peu moins dangereux qu'en Lybie

On trouve de tout en Thaïlande. Il suffit de chercher et parfois d'y mettre le prix. Un apothicaire de la vieille ville vous vendra sans sourciller de la méthadone ou du Nembutal. Ce dernier médicament à disparu de nos armoires à pharmacies depuis une vingtaine d'années. C'est avec celui-ci que Marylin est sensée être entrée dans le sommeil éternel, c'est aussi la drogue utilisée par les passeurs de mort suisses ou encore, celle qu'ont tant de mal à se procurer légalement les exécuteurs américains. La petite boutique des drogues, vices et suicide est ici bien fournie. Il suffit de savoir à qui s'adresser. Vous n'êtes cependant pas à l'abri d'une arnaque ou d'une contrefaçon et toute démarche non préparée risque de vous conduire d'avantage dans les geôles thaï que dans l'aboutissement de votre projet.

Si vous envisagez de vous suicider en Thaïlande, le plus sûr moyen et surtout le plus efficace est encore de simplement vous déplacer à pieds  ou en deux roues. En termes d'accidentologie, la Thaïlande détient la triste position de second parmi les pays les plus meurtriers au monde apres la Lybie. On ne dénombre pas moins de 26 000 morts par an sur les routes thaïlandaises; 80 % des victimes étant des deux-roues. Il s'agit de statistiques de l'OMS et non des chiffres locaux officiels qui voudraient nous faire croire que circuler en Thaïlande est plus safe que rouler à Oslo.


Cette mortalité routières s'explique par plusieurs facteurs qui se conjuguent et s'amplifient mutuellement.

Priorité au plus gros.

A part que l'on roule à gauche et que la priorité aux ronds-points soit à celui qui s'y engage et non à celui qui tourne, les règles sont assez similaires à celles que nous connaissons en France (limitations, feux, priorités, radars etc…). Mais la lettre nécessite d'être sérieusement nuancée par une pratique des règles totalement anarchique.

La priorité à droite reste symbolique. Le seul véritable prioritaire est celui qui conduit le plus gros véhicule. C'est peut-être pour cela que la densité en gros quatre-quatre qui ressemblent presque à des monster trucks n'a aucun équivalent avec l'Europe.

Les feux rouges sont raisonnablement respectés, mais personne ne leur voue le moindre culte. On a donc le droit de se faire selfier devant un feu rouge ou vert sans risque d'aller en prison… juste celui de se faire ratatiner…

Piéton: tu es au plus bas de la chaine routière.

Les passages piétons sont de l'ordre du symbolique. On a du mal à les distinguer de nuit et surtout ne vous avisez pas à vous la jouer à la parisienne.

S'engager sur la route en feignant de ne pas se préoccuper des voitures, le piéton étant sensé toujours être dans son droit est une règle qui ne s'applique ici que dans le cas d'un véhicule piloté par un pharang renversant un piéton Thaï. Outre cette nuance, vous devez toujours avoir conscience que le piéton, occupe la position la plus basse de la chaine vitale en Thaïlande… ceci dit, les trottoirs sont plutôt respectés par les voitures, ce qui n'est pas forcément le cas des pays voisins (Vietnam, Cambodge).

Scooter ou vivre… il faut choisir.

Les scooters sont aussi nombreux que les clientes un soir de soldes aux galeries Lafayette. Le port du casque est obligatoire et on est sensé au plus rouler à deux sur le même véhicule. J'ai pour ma part rarement vu cette règle respectée. Le casque ressemble souvent plus à une kippa qu'à un accessoire de sécurité. quant aux passagers, j'ai très souvent croisé des deux roues sur lesquels on pouvait compter 4 parfois 5 personnes si l'on compte le petit que l'on tient entre ses jambes et qui s'appuie au guidon.

La police fait parfois respecter les règles, mais ici, comme ailleurs, la facilité et la rentabilité est souvent de mise… nous connaissons bien cela également en France où j'ai rarement vu de contrôles de papiers et d'alcoolémie dans les quartiers nord de Marseille. J'ai assisté à Ao Nang à une scène amusante: alors que la nuit venait tout juste de tomber, la police avait installé un check point de contrôle en bord de mer. Les policiers étaient occupés à regarder leur smartphone, tout en mangeant. Des dizaines de scootéristes passaient devant eux à contre sens, en tongs, sans casque, à 3 ou 4 sur le même véhicule. C'est alors que je vois arriver un couple super équipé, casque, bottes, gants et qui roulait lentement en tenant sagement leur droite et les distances de sécurité. Ces deux-là étaient des motards expérimentés c'est sûr. Ils avaient de quoi attirer l'attention; la mienne en tout cas et celle des policiers par la même occasion. Ils se font bien entendu interpeller et subissent un contrôle en règle de leur conformité à la règlementation Thai… J'étais mort de rire par la scène, un scooter passait à ce moment devant nous en toute discrétion avec 6 personnes dont deux jeunes filles en amazone.

Bref, vous l'aurez compris rouler en Thaïlande n'est pas une sinécure. Pour ma part j'ai laissé tomber l'affaire. Le pic d'accidents se situe autour des fêtes de nouvel an traditionnel et occidental; juste ma période; et comme j'ai oublié mes papiers à Bangkok, inutile de tenter le diable

  • Dans le même genre, vous avez les taxis longues distances au Maroc.
    Devant vous avez le chauffeur, une personne entre la porte et le chauffeur sur la gauche. Deux personnes sur le siège passager de devant, une autre sur le levier de vitesse (c'est lui qui à la charge de passer les vitesses). À l'arrière au moins 6 personnes. Le coffre sert au bétails et on peut y voir des passagers aussi. Les bagages sur la galerie.
    Ça prête à sourire, c'est moins drôle quand il y a des morts. Mais comme ils disent là-bas c'est "Mektoub".

    · Il y a plus de 5 ans ·
    40405 (2)

    Lady Etaine Eire

    • Tout a fait juste ce que tu dis... j'ai fait une suite à ce texte, que je suis en train de réviser et les transports en commun en thailande sont une vraie partie du voyage....
      merci de ta lecture...

      · Il y a plus de 5 ans ·
      1394750570

      Francisco Varga

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