Confession cursive.

damephoenix

[26.07.2017] c'est la faute au curseur...

Le curseur me nargue. Ah si si si, je le vois bien il me nargue. Il bat le rythme et se fait métronome de ma page blanche.


Ecrire pour lui couper la chique, mais à chaque hésitation il fait ses clins d'œil, comme pour me dire "eh cocotte, le temps file, ne vois tu pas les secondes dont je bat la mesure ? Elles s'envolent et ne reviendront plus. Le temps d'écrire cette phrase et celle que tu étais en la commençant est déjà morte. Hâte toi. La vie est courte."


Oui, j'arrive à lire tout ça dans un clignotement de curseur. Je détourne le regard. Et merde, il n'y a à voir qu'un vague capharnaüm qui n'a même pas le mérite d'en être un vrai. Désabusée je reprend mon combat de regards avec le curseur. Il continue l'enfoiré.


Droit comme un "i" il me ramène à la tordue que je peux être, stable et égal il fait écho à mes montagnes russes entre le dehors et le dedans, le bruit et le silence... Parano ? Comment ça parano ? Mais je vous jure, je le vois qu'il me nargue ! A chaque fin de phrase c'est lui qui met le point final. J'aurai juré le voir sourire.


L'art d'écrire sur un rien. Juste pour faire disparaître ce petit trait qui met un point à mes pensées en clignant du bâton. Ce texte n'a vraiment aucune tournure. Oui, je sais, petite saloperie, je devrais tout lâcher !


Toujours cette retenue qui rend mes doigts gourds et ma verve hésitante. Je sais que c'est le lot de tous, mais lâcher la bride pour quelques bribes, bon dieu que c'est dur ! J'ai bétonné trop de choses en pensant les enfouir et étouffer leur souvenir. Mon cul oui, ils sont toujours bien vivaces, et en plus bétonnés à moi, moi avec eux.


Peur de lâcher trop de choses. D'exploser. Ou peut-être alors qu'il n'y ait rien à lâcher. Que ce trop plein dont je me sens investie ne soit en fait qu'un néant. Oh putain je suis pas sortie. L'envie de faire bouger ce foutu curseur et avec lui ma fausse assurance. Ne pas tout dire, non, je n'aime pas le faire en public. Mais me déranger un peu, cesser le temps d'un texte les belles phrases remplies de tendresse et oser montrer ouvertement un peu de doutes plutôt que le glisser entre les lignes en me disant que peut-être ils seront vus. Ou pas. Des deux je ne sais même pas ce qui me rassure le plus.


Et toi petit métronome, je ne vais plus te prendre comme excuse de mon agacement à ne pas exulter tout ce qui peut m'habiter, le bon, le mauvais, le sage, le pervers, le social, l'intime et tout le toutim. Je vais me faire à l'idée que je dois travailler sur ma peur de trop en dire. Parce qu'avec certaines personnes, le risque est beau à prendre. Merci de ton aide petit curseur ridicule. Mais si tu voulais bien cesser de clignoter...

J'ai dit cesse...

...

Et pis merde.

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