Contrastes

Olivier Memling

La chaleur sur la pelouse

des pas sur le gravier

le mûrissement des pruniers

des insectes en guêpier

les femmes parlent et cousent

Sur la maison c’est l’été

Un trait de bleu dans le ciel plombé

toutes les prunes tombées

il reste une grosse rose pomme

les feuilles se mêlent au gravier

La maison est dans l’automne

et l’enfant sur ses cahiers

une bûche au foyer se consume

tout près, le chien ronfle et fume

sous l’huis, le vent fait le mirliton

L’automne est dans la maison

les lampes s’allument

Ailleurs, vient l’hiver des villes

dont aucun éclat ne peut faire oublier

que le destin des piétons est d’y cheminer

dans les constellations de chewing gum craché

indélébile intégré aux asphaltes des  cités

Autour, dans des banlieues de déjection

entre des barres de béton et des lieux d’alimentation

sous le ciel qu’instillent les pylônes

quelques champs de poireaux encore

mouchetés de papiers gras et de boîtes de coca-cola

cèdent aux décharges de fer, plastique et gravats

aux chantiers, aux scories, aux cimetières

Épaves et rebuts comblent les trous des sablières

derrière des rubans fantaisie de clôtures

sous des régiments de poteaux poussent des pavillons

sinuant en chapelets de champignonnières

                   Il n’est de futaies que de tags

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