Corps-espondances [Extrait]

sadnezz

Cet enfant est le mien, je le reconnais là.


Et du fils baiser le front du père, c'est ainsi que se plait à penser le seigneur au contact irrégulier de la matrice mouvante. Il n'est que les mains de la Roide pour l'arracher au précieux instant sans qu'il ne s'offusque du sacrilège. Le ténu et tendu voile de chair qui le sépare de l'enfançon est un mystère dont il ne sait que bien peu.

Un à un, tous les remparts qui ne sont pas de ce cuir, doux et vivant, cèdent. Il fait frais dans la chambrée, les corps se resserrent, les reins masculins se tendent, apoplectiques. Le visage mutilé s'est paré des couleurs ocres et ambre à la faveur du foyer, baigné de cette lueur qui le rend presque beau, presque vierge. Il se met à penser à celui du Très Beau, bâtard bien nommé qui ne pourra jamais se montrer. Poindra-t-il comme elle, ce sourire taillé sur les joues? Improbable blague, aussi douteuse qu'il naitrait les cheveux longs comme lui. Les mains qui l'ébrouent le ramène à la raison, où plutôt à son ébauche, là entre les seins nourriciers.

La maitresse réclame et l'amant obtempère, lèvres vissées aux tétons orgueilleux il jette un oeil embué aux délices à portée. L'imprudente bouche se surprend, humide, à la source éveillée d'un nectar méconnu, bien vite l'abandonne. Craintive de ce que peuvent offrir ces affables mamelles qu'il ne reconnait plus. Anaon est gironde jusque sur son coeur, et elle a dit du miel.

Il y en a, il l'a vu. Demain il en payera le prix fort, qu'importe. Demain sera demain, il a abandonné sa chemise pour savourer ce soir le sucré de l'orgie. Le sucre. Luxe que lui même ne s'offre que bien peu, écart inhabituel pour ce buveur de vin, préférant celui de la viande. Celle qui porte en son sein ce qu'il lui a légué peut exiger quelques mois encore sans se voir mépriser. Senestre s'empare du pot ouvert tandis que longuement le visage Judéen se fait une place, joue plaquée toute de coté, presque au flanc pour mieux se laisser impressionner par cette démesurée montagne de vie. L'enfant est une pierre brute, non encore façonnée dont Anaon est l'écrin. Son père étend sur lui une main magnanime, mêlée de ferveur tranquille et de lubrique dessein. Tantôt c'est l'instinct de l'homme qui baise les chairs, tantôt le pater qui enrobe de tendresse désintéressée. Dichotomique pulsions, à rendre fou le plus rationnel des esprits.

Posté là sur la hanche, tapis spectateur de l'ascensionnelle grosseur, il laisse se déverser le contenu entier en mielleuses coulées. Il les regarde dévaler l'arrondi d'une lenteur épaisse, convergeant arachnéennement en circonférence... Et sa langue de s'étirer pour en recueillir partiellement les flux sirupeux, avant que n'y poser toutes entières ses pattes baguées d'apparat, mais plus d'officiel. Judas laisse glisser ses doigts conquérants en couronne à l'habitant baptisé si cavalièrement. Jouissance tactile, gourmand il les fait courir jusqu'à l'autre mont, de Vénus c'est ainsi que nous l'appellerons. Rencontre au sommet de la saveur des viscosités, à quoi ça peut bien ressembler ... L'amour à l'engrossée?

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