Correspondance

Totem De La Nuit Belle

Je me souviens, en train

 

 Correspondance

 

Paris. Gare au lion. Tôt. Je courre dans la jungle des épaules bousculées. Le cadran des heures blessantes m’informe que je suis loin d’être en avance sur mon retard. Pourtant, là bas, au départ du TGV, le boa constrictor destructeur des records, la foule se prélasse. Des rhinos managers, youpi-cool-dynamiques, volubiles et sarcastiques, des girafons agrippés au cou de leur maman que le ronron stomacal du serpent bercera bientôt et même une louve trans-sibérienne qui vole le temps de se maquiller… Rien ne semble presser. Cette luxuriante Amazonie serait-elle hors du temps ? Une voix off ex machina trouble la quiétude des ani-hommes sur le quai.

C’était le moment t moins une de monter. Mais j’y suis, moi, le paresseux somnambule dans ce reptile à grande vitesse. Il attendait juste qu’on débroussaille sur son passage, nous dit-on, pour zigzaguer jusqu’à destination. Installé satisfait. Assoupi. L’épaule de ma voisine s’impose comme le prolongement de mon lit. Elle montre les crocs… Son regard oscille entre l’incompréhension et le coulis de framboise. M’excuse m’dame. Je colle la tête contre la vibro-vitre. Au moment où mes rêves suivent le rythme des cognements de caboche, un girafon mignon s’époumone à cœur joie. Un vieux panda sursaute. Une gazelle reste impassible, le volume sonore de son i-pod aidant. Quelques paysages plus tard, louvoyant en douceur, le boa étouffe peu à peu les cris. Le calme revient dans la plaine. Et le temps s’arrête de nouveau.

texte paru dans TGV Magazine - sept 2007

  • avec Buster accroché à l'heure extérieure et les Hobos bluesy les "correspondances" semblent surgir de plusieurs sens à la fois, merci du voyage...

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Crater orig

    gun-giant

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