Coupable scarification

Ethan Spencer

Approche psychologique d'une victime d'auto-mutilation.

Goutte après goutte, son sang s'échappe de ses veines, s'écrasant sur le sol de sa chambre.

Goutte après goutte, ses paupières s'alourdissent, elle commence à s'assoupir.

Goutte après goutte, la douleur se fait moins persistante, son bras s'engourdit.

Cette fille, tout le monde la connait. Ce genre de fille, discrète, silencieuse, et pourtant adorable lorsqu'on daigne lui parler. Elle n'est pas extraverti, elle n'est pas vraiment à l'aise lorsque des gens qu'elle ne connaît pas s'adressent à elle.

Mais au final, cela importait peu, ce n'est pas ce qui allait la tuer non ? En revanche, ce qui peut et va la tuer, c'est cette douleur, ce mal-être presque inexplicable qui s'empare d'elle chaque soir avant d'aller dormir, qui lui fait pleurer des torrents de larmes, qui la pousse, lorsque la douleur n'est plus supportable, à s'abandonner à la lame qui trône sur son bureau. Endossant elle-même le rôle de son bourreau, elle n'a d'autre choix que de se faire du mal physiquement, pour comprendre la douleur psychologique à laquelle elle était en proie.

Taillader son bras est un moyen de rationaliser sa peine, en se lacérant le poignet, elle comprenait d'où venait la douleur. Elle n'avait pas recours à cette pratique régulièrement, premièrement car les cicatrices prenaient leur temps, pour disparaître. Et puis surtout parce que, lorsque la lame rentrait en contact avec sa blanche peau, ce n'était pas plus la lame s'enfonçant dans sa chair qui la meurtrissait non, c'était la déception qu'elle s'infligeait, une fois de plus.

Elle se décevait elle-même d'être si faible, elle se détestait, elle décevait ses amis, en recourant une fois de plus à cette sanglante pratique. Mais cette nuit-là, elle avait enfoncé la lame un peu trop profondément dans son petit poignet, sans le faire exprès ? ...

Alors que son habituelle colérique tristesse s'emparait de son esprit tourmenté, son corps lui, abandonnait. Ses pupilles se dilataient, son bras ensanglanté tombait raide-mort sur le bord de son lit, tandis qu'elle se laissait tomber à la renverse.

Elle ne paniquait pas, silencieuse, seul le sang qui commençait à joncher son sol faisait du bruit, goutte après goutte, cliquetis après cliquetis. Son visage se figeait sur un sourire mélancolique, partagé entre l'éternel déception qui devrait entourer sa mémoire, et sa soudaine libération de ses propres démons. Du moins, croyait-elle. En se suicidant, elle n'accédait pas au repos éternel, non. Au contraire, elle se condamnait aux tourments éternel de son geste aussi irréfléchi que déraisonnable.

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