Coups de foudre

scribleruss

Les cahiers de Philéus. Vendredi 18 janvier 2019 11.16

  Il y a quelques semaines revenant d'une randonnée en vélo dans l'affligeante tenue du cycliste casqué qui ferait fuir même un épouvantail, au feu vert je m'apprête à traverser un carrefour quand surgissant de ma droite un véhicule déboîte de son stationnement et manque de me bousculer ..

   Prêt à hurler et à gesticuler comme à mon habitude en pareil cas  contre le chauffard qui attentait à ma vie, je vois au volant une jeune femme d'origine maghrébine, au profil très passe-partout, carrément non pas méchant - ça c'est la chanson - mais carrément banal, à peine féminin, et qui me sourit, s'accompagnant d'un geste mais pas un doigt d'honneur non ! mais un geste signifiant excusez-moi, ne m'en veuillez pas ..  et souriant ....

  Et deux mètres plus loin nous nous retrouvons bloqués côte à côte à un feu rouge. Je lui dis vous avez de la chance je suis de bonne humeur ce matin, elle baisse sa vitre côté passager, elle me sourit toujours gentiment, ne dit rien. Et je lui souhaite une bonne journée.

   Sourire de femme, piège à vieux ? ( Con ? ), oui femmes vous avez le fatal pouvoir de nous jeter par un sourire dans l'ivresse ou le désespoir me rappelle Musset.

   Eh bien je ne sais ce qui s'est passé, mais j'ai failli contourner son véhicule, l'approcher et l'embrasser sur la joue .. comme ça....

   Et parfois cela m'arrive de croiser une femme, rarement, très rarement, mais cela m'est arrivé de me trouver nez à nez avec le regard d'une femme, nos regard se sont croisés, accrochés, et le temps d'une fraction de secondes, j'en suis convaincu, nous nous sommes dits que nous étions faits l'un pour l'autre.

  Je ne crois pas, là, fabuler, extravaguer, non c'est un ressenti dont la remontée, le souvenir fait regretter cet instant curieux, magique dont je me dis que nous aurions pu l'oser, dû l'oser soudain et nous laisser happer par le vertige  de cette séduction impromptue..

    Et je pense qu'inspiré par le fluide de cet instant comme ça, baiser la joue d'une femme qui passe - agile et noble avec sa jambe de statue moi je buvais crispé comme un extravagant dans son oeil ciel livide où germe l'ouragan la douleur qui fascine et le plaisir qui tue -, gentiment, sensuellement, intimement même, comme ça, nous croisant, puis ensuite hélas filant chacun vers sa petite vie terne comme une peau sans amour, baiser la joue d'une femme inconnue, - cette âme que j'ignorais aurait compris mon coeur et m'aurait répondu - ,  serait d'une grâce sublime  .

_

Signaler ce texte