COVID
sophiea
Quand le confinement a commencé, j'étais en arrêt maladie. Mon arrêt s'est terminé le 12 avril et me voilà donc susceptible d'être réquisitionnée à tout moment pour m'occuper des enfants des soignants. Et le Covid qui n'était qu'un lointain risque devient soudain très concret.
C'est idiot mais, même si je dois faire mon devoir, j'ai choisi de travailler dans le social et le soin (comme me l'a dit une amie), j'ai juste envie de pleurer et de ne pas y aller. Je n'ai pas peur de l'attraper. J'ai peur de le donner à des personnes qui ne seraient pas capables d'en guérir.
Ma fille de 17 ans n'est pas sortie une seule fois depuis le confinement. Elle fait du sport à l'intérieur et prend le soleil par les fenêtres ouvertes du salon. Elle a envie que cela s'arrête vite et fait ce qu'il faut pour cela. Et moi, je risque de tout gâcher…
Oui, il y aura ce qu'il faut pour travailler en toute sécurité. Oui je changerai de tenues et mettrai tout à laver le soir-même. Oui je ferai attention mais point de risque zéro. D'ailleurs, une collègue l'a attrapé en allant travailler. Elle s'en est sortie mais elle a bien souffert et eu très peur.
Une autre amie me dit que cela sera sans doute pas mal de sortir. Non.
Une autre que ce sera bien de revoir des enfants. Non.
C'est mon devoir d'aider, j'irai. Mais en attendant, je sens l'angoisse monter. Cette angoisse qui aurait pointée dû le bout de son nez le 10 mai, vient un mois avant… Et commence l'attente. Celle du coup de fil qui m'annoncera que la semaine prochaine, c'est à mon tour d'y aller.
Je comprends que le personnel tourne dans un souci d'équité mais on prend le risque d'exposer un maximum de personnes au COVID 19. Sans parler du manque de continuité pour les enfants. Oui nous sommes en crise, mais est-ce pour cela qu'on ne doit pas réfléchir à leur bien-être ? Voir de nouvelles têtes chaque semaine, c'est difficile pour des enfants de moins de trois ans qui ont besoin de créer du lien et d'avoir de la régularité dans leur prise en charge pour s'épanouir. Et je me demande, est-ce facile de communiquer avec des enfants qui comprennent davantage le non-verbal et les mimiques que les mots, avec plus de la moitié du visage caché ?
Tout cela pour dire que c'est compliqué et que je remercie sincèrement tous ceux qui sont obligés de travailler pour nous sauver ou nous permettre un quotidien facilité. Je les remercie de tout mon cœur.
C'est légitime... Et bien expliqué.
· Il y a plus de 4 ans ·Vous avez le droit aussi de ne pas vous sentir assez forte pour affronter cette situation, tout le monde n'est pas armé de la même façon face à ce combat. Il n'y a pas de honte à savoir le reconnaître, certains sont plus sensibles, plus fragiles.
chaleur
Les mots libèrent, rendent les choses moins terribles. Pour l'instant, on n'a pas fait appel à moi. Mais si c'est le cas, j'irai en prenant un max de précautions. Merci pour votre réponse
· Il y a plus de 4 ans ·sophiea
Je comprends cette peur de ramener le virus à la maison. Et après le 11, tous ces enfants qui déferleront dans les classes, ces tout petits qui ne comprendront pas. Comment leur faire adopter des règles ? Tout cela est bien déroutant.
· Il y a plus de 4 ans ·Louve