Créature des mers 6

aile68

Les deux amis Maduramo et Noharo ont laissé Emeline devant la maison du vieux sage. Le visage de ce dernier s'est troublé à la vue de la jeune femme.

"Bonjour Père! Te souviens-tu de moi? C'est moi ta fille aînée, Maari.

- Oui, tu n'as pas changée. J'attendais ta visite. Pourquoi as-tu brisé le sortilège qui te rendait éternelle?

- Pour l'amour d'un jeune homme du village, Père.

- Malheureuse! Tu savais pourtant que tu mettais tes jours en danger. Tes soeurs sont plus sages que toi, du moins pour l'instant, voilà des lustres qu'elles ne sont pas venues dans cette contrée.

- Je les ai croisées au large de Bora-Bora, elles affichaient un air placide de belles sirènes, libres, caressées par les doux alizés marins.

- Pourquoi t'es-tu séparée d'elles? Vous formiez un si beau groupe toutes les quatre. J'ai entendu dans un rêve qu'on vous nommait Les quatre demoiselles des mers.

- Tu sais bien Père que j'ai toujours été différente d'elle, d'ailleurs tu me le disais assez souvent.

- Oui, c'est vrai, j'ai fait cette erreur. Et je n'aurais jamais du faire de différence entre tes soeurs et toi.

- Ce qui est fait est fait. Mais laisse-moi te parler de ce qui m'amène chez toi.

- Hélas! Je ne le sais que trop... Du moins je devine le motif de ta visite. Un jeune homme du village est tombé amoureux de toi et s'est rendu deux fois auprès de toi pour mieux te connaître et te conquérir.

- Oui, on ne peut rien te cacher, Père.

- Et tu veux le connaître toi aussi... dit le vieux sage.

- Oui, j'avoue qu'il ne me laisse pas indifférente.

- Maduramo, il s'appelle ainsi, est un jeune homme vaillant, il ne te décevra pas, mais comme tu le sais il devra se transformer en créature des mers pour te fréquenter éternellement ou bien peut-être vous marierez-vous sous la forme d'êtres humains pour mourir ensuite après avoir mis au monde trois enfants qui seront un salut pour la protection de notre île qui doit rester cachée des civilisations humaines.

- C'est à lui de choisir, quel que soit son choix, ce sera le bon car nous ne serons jamais séparés que nous vivions éternellement ou que nous mourions.

- Pour toi ce sera le bon choix, pas pour nous car si vous devenez des créatures des mers, voguant et errant de-ci de-là, un jour on découvrira notre île. Ce sera alors la fin de notre civilisation".

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