Crescendo ou les exploits du messager Boris Popovitch.
Christel Belle Des Champs
1 -
Après plusieurs jours de chevauchée, le messager Boris Popovitch arriva au château de Sieur Langlois, sa destination. Il appela et fit baisser le pont-levis. Il pénétra dans la cour et sitôt descendit de sa monture. Il se précipita en haut de la tour et rejoignit la salle du conseil. Là, Sieur Langlois et ses chevaliers l'attendaient. Boris Popovitch tendit sa missive au seigneur, qui la déroula et la lut. Sieur Langlois annonça à l'assemblée : « C'est un fils. »
2 -
Après de longues journées de voyage, le chevalier Boris Popovitch atteignit enfin le château de Sieur Langlois. Arrivé face au pont-levis, il dut appeler à plusieurs reprises pour se faire entendre et obtenir l'ouverture du passage. Il descendit péniblement de sa monture, elle-même fourbue, et dut encore grimper les escaliers de la tour pour atteindre la salle du conseil. Là, Sieur Langlois l'attendait, l'œil pétillant et le sourire impatient. Boris Popovitch se courba devant Monseigneur et lui tendit la missive. Sieur Langlois s'en empara, la déroula nerveusement, la lut avec émotion puis il annonça à tous ses chevaliers présents : « Cette fois, ça y est ! C'est un fils ! »
3 –
Après d'interminables journées de chevauchée, le messager Boris Popovitch atteignit enfin la contrée lointaine de Sieur Langlois. Epuisé devant le château, il dut héler à plusieurs reprises les gardes pour se faire entendre. Enfin, on l'entendit et fit baisser le pont-levis dans un grincement de chaînes. Le chevalier dut encore motiver sa monture d'un dernier effort pour pénétrer dans la cour. Boris Popovitch rassembla ses dernières forces pour descendre de cheval, traverser la cour, pénétrer au pied de la tour et monter ces escaliers interminables avant d'atteindre la salle du conseil. Dans la salle ronde, Sieur Langlois faisait les cent pas en se rongeant les ongles. Ses chevaliers qui l'entouraient semblaient tout aussi nerveux. A peine eut-il fait sa révérence que Boris Popovitch se fit arracher la missive des mains. Sieur Langlois la déchira presque en la déroulant et la lut le regard tendu, les lèvres marmonnantes. Puis il s'immobilisa et cria à l'assemblée présente : « C'est un fils ! C'est un fils ! Vous m'entendez ? C'est un fils ! »
4 -
A la suite d'une chevauchée sans fin, durant laquelle les jours succédaient aux nuits, et les nuits aux jours, le messager Boris Popovitch arriva exténué dans la contrée de Sieur Langlois. Le pont-levis étant levé, il dut s'époumoner avec répétition pour que les gardes du château remarquent sa présence. Il déclina son identité, expliqua sa mission pour qu'enfin on daigne lui ouvrir le passage. Sa monture au souffle court et aux pattes exsangues, s'effondra à son arrivée dans la cour. Là, Boris Popovitch traversa la cour à quatre pattes, la missive entre les dents, incapable de se redresser. Au pied de la tour, et dans un dernier effort, il rassembla ses ultimes forces pour ramper les escaliers. Il arriva dans la salle du conseil à plat ventre. Là, Sieur Langlois qui n'avait plus d'ongles, lui arracha sa missive des dents et faillit la déchirer. Sieur Langlois déroula le parchemin en jurant d'impatience puis s'immobilisa pour la lire. Ses yeux lui sortaient de la tête. Ses chevaliers présents dans la salle du conseil retenaient leur souffle. Puis Monseigneur tomba à genoux, commença à pleurer de joie et bafouilla entre deux sanglots : « C'est un couillu, c'est un couillu. »
Dure vie que celle de chevaucheur! Mais au moins il y avait de l'animation! Maintenant, c'est nul: SMS, courriel, échographie, téléphone cellulaire,on sait quasiment tout avant même la conception.
· Il y a environ 11 ans ·astrov