Crève Noël Emma'rche en nombre

-beep

       J’ai crevé d’un Noël en famille, avec chandelles dans les chaussons et clémentines allumées au pied du lapin. J’ai mangé à m’en détruire la faim, bu à t’en rendre belle et tout oublié enfin. Il ne faisait pas vraiment chaud, pas de cheminée dans le coin de la pièce, pas de guirlande à faire briller les yeux du chaton, pas de cadeaux non plus. Je crois même qu’on était trois, il y avait moi, mon hallucination qui parfois s’en allait sans prévenir, et puis il y avait toi.
Sans compter les voix qui se faisaient violence dans un tiroir de ma tête.

       J’ai rêvé d’un Noël rouge sang, avec boules de geisha accrochées aux branches de mon pull et une centaine de proches, tous venus me voir sortir de ma camisole avec le sourire.
L’Asile me rendait fou, je n’aimais ni l’indépendance biaisée qu’on nous promettait, ni la pitié qui se lisait dans le regard de nos aveugles de médecins. Je n’étais pas cinglé ça non, j’avais juste ma façon à moi de voir les choses, mon univers mes questions, mon Dieu et puis mes solutions.
Sans compter  quelques coups de pas de chance dans le noir de mon être.

       J’ai dressé le portrait d’Emma, identifiée une bonne fois pour toute comme s’il était plus facile de s’en débarrasser ensuite. Emma’logène et mal au cœur, sa lumière ne semble pas vraiment vouloir s’éteindre. C’est mon cadeau à moi, c’est mon amour de Noël, mon attache au réel, c’est ma cellule de chambre et mon odeur de plafond. Emma je t’aime, Emma je t’envie, toi qui te dis libre quand même, toi qui me trouve toujours en vie.
Emma cours et marche encore, Emma sauve qui veut et marie-moi si j’ai tort.  

Signaler ce texte