crois-tu

oserlesmots

Crois-tu ?

Crois-tu que si j'osais conter le vent, il viendrait à souffler à mon oreille pour me parler de l'odeur d'hier quand déjà je ne suis que demain ? Dans son bruissement fin et délicat, osera-t-il me rappeler que j'ai perdu mon présent ? Celui si précieux que j'ai trop vite fait d'égarer dans ma quête éperdue de mon ailleurs qui aurait un meilleur parfum et une plus douce musique que toutes mes heures grises....Et oui, dans leur valse de "ça va", le beau monde qui m'entoure en oublie aussi de savoir si je vais...pour de vrai. Mais non, on n'a plus le temps, c'est aller à contre courant de le prendre. Faut vite courir, vite arriver, vite vite...plus vite encore, faut se dépêcher. Je vais rater mon faux avion, mince j'ai glissé sur le quai, j'ai failli basculer...à moins que je n'ai rêvé un instant que j'étais plus loin. Tu sais, là-bas où on entend des grillons, où fait soleil même à l'ombre des gens. Enfin tu vois là, je te dis tout ça mais à quoi bon...finalement ce n'est pas du vent dont je veux te parler. Non pas de ça. Je veux te parler de toi. Toi que j'ai observé. Toi assis en face de moi. Le problème, c'est que tu ne me vois pas. Tu es comme absente, tu es une ombre. La mienne en fait. Je te vois dans la vitre un peu en buée du métro de cette fin d'après-midi où l'esprit échauffé et le corps lasse, chacun s'en va ici et là. En fait, c'est moi que je regarde. Mon reflet que j'ai envie de secouer. J'ai envie de crier et de lui dire que c'est pas si grave finalement...demain est un autre jour comme on dit. Sauf que...

Crois-tu ?

Crois-tu que je peux te conter les nuages ? Ceux que j'ai fait disparaître. Et oui, je n'ai plus besoin de me croire demain désormais. J'ai soufflé si fort sur mes maux que j'en ai eu mal dans la poitrine. Pourtant je m'en suis sentie soulagé...j'ai su expiré tout ce gris qui ombrageait ma bonne humeur. Alors je peux autant te parler du soleil que du vent car l'un ou l'autre suivent le même mouvement...celui de la vie qui s'agite en moi et où je n'ai plus besoin de mimer une sorte de vieux "ça va" sorti de mes tiroirs...Car oui ça va.

Signaler ce texte