Crumbling

chevalier-neon

Laisse-moi faire des frissons sur ta peau ;
les brailles pour l’aveugle que je suis.


Dis-moi comment ça a pu arriver.
J’ai pensé à toi comme ma raison de vivre.
J’ai pensé à toi comme ta raison de vivre aussi.
Maintenant je m’éloigne de ces sentiments
comme de corps étrangers.

J’ai voulu toucher le tien,
tenir dans mes bras ce cœur palpitant
que trop de choses semblaient trop vite abîmer.
Quelque part, tout au fond de moi,
j’ai la nostalgie de ces sentiments-là.
J’étais attaché à toi
comme le néant est rattaché au Dieu
qui fera de lui quelque chose un jour.


J’ai cessé de vouloir lire tes sentiments ;
je n’ai dans le fond jamais su les lire.
Pour cette raison, si tu trembles,
si le froid ou la peur te donnent ces frissons,
laisse-moi y passer mes doigts.
Je veux déchiffrer en aveugle
ce que je ne peux pas lire.


Même maintenant encore,
je suis incapable de comprendre.
Ai-je cessé de t’aimer
lorsque j’ai réalisé ne t’avoir jamais compris ?
Ou ai-je cessé de t’aimer
le jour où j’ai su sincèrement te comprendre ?


Dis-moi que ce n’était pas une illusion.
J’ai laissé ma personne passer après cet amour ;
dis-moi qu’il avait une raison d’être
parce qu’il était la mienne.
À présent si il meurt
je vais disparaître comme
je craignais que tu disparaisses alors.


Ne pars pas.
Ne pars plus. Jamais.
Je te ramènerai là d’où tu es parti.
Ou bien tu reviendras là d‘où je t‘ai renvoyé…
Maintenant sans toi
mon cœur ne pèse que du vide.
Je ne veux pas d’une poitrine
qui ne peut plus t’accueillir en elle.

Parce que je signifiais quelque chose
avec ton sens à toi.

Même si c’était douloureux
de ne pas pouvoir te serrer,
j’aimais t’aimer.


Et je déteste te haïr.
Est-ce que mon tort fait partie du passé ?
Est-ce que mon tort fait partie du présent ?
Ah, je voudrais me dire
que la seule véritable illusion
est celle qui a fait naître ce dégoût…


C’était un amour sucré plein d’amertume ;
je ne pouvais pas t’avoir mais
tu ne pouvais pas savoir et
c’était ce qu’il y avait de pire.
Tu ne peux pas savoir non plus, c’est vrai,
la transformation de ces sentiments
que tu n’as jamais connus.


Je ne les ai jamais vraiment connus mieux que toi.
Je les voyais exister, c’est tout.
J’étais le héros d’une histoire d’amour
dont j’étais aussi le spectateur.


Je veux que tu reviennes à l’intérieur.
Parce que ce cœur est comme une maison vide
qui en restant inutile,
devra être bientôt rasée.
Un jour, si je pouvais lire le braille de tes frissons
à même la peau de tes émotions,
reviendrais-tu habiter en moi ?


En attendant un miracle…
Je te donne un baiser d’adieu que j‘éternise dans la peur
de te quitter vraiment.



(écrit le 24 avril 2013) 

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