Culpabilité
Lolita Denoual
J'ai pris une décision, une décision dont je devrais être fière mais ce n'est pas le cas, c'est même plutôt l'inverse. La culpabilité est comme du lierre qui s'enroule autour de vous, vous enserre les membres jusqu'à que vous ne puissiez plus faire un geste et elle continue de vous escalader, en bonne mauvaise herbe elle se multiplie, elle croit en se nourrissant de votre énergie vitale, jusqu'à qu'il ne reste rien de vous sinon deux yeux écarquillés par l'horreur tandis que vous suffoquez, la bouche emplie de ses feuilles.La joie est un sentiment productif, la colère peut l'être si elle vous pousse en avant même le chagrin tant qu'il s'agit de la vraie tristesse et non de ce putain d'apitoiement sur vous-même dans lequel il est si facile de sombrer comme dans la boue nauseabonde des sables mouvants. La culpabilité n'est jamais positive et elle n'est pas si éloignée de l'auto-apitoiement, la différence étant l'ego.Il faut s'aimer pour se prendre en pitié, il faut penser mériter la compassion, la rechercher comme le drogué a besoin de son shout.Mais la personne qui se sent coupable... Elle se hait, elle ne pense rien mériter de personne si ce n'est le bâton pour se faire battre qu'elle vous tendra obligeamment. Mea culpa, mea culpa.C'est une litanie sans fin, un labyrinthe sans issue, vous vous perdez dans ses sombres méandres et vous ne vous rappelez même plus par où vous êtes rentrés. Pourquoi vous sentez vous coupable ? Êtes vous coupable d'être trop lâche pour mettre fin à une situation qui vous fais souffrir, coupable de vous plaindre sans agir ? Ou alors vous êtes coupable d'avoir agi, vous vous détestez pour vos actes, vos mots, vos ultimatums, cet égoïsme qui vous a pousser à choisir votre bien-être plutôt que celui de vos proches. Vous êtes fort, vous auriez pu endurer plus ! Vous vous haïssez de les avoir fait souffrir alors plutôt que de jouir de cette paix durement acquise vous vous flagellez, vous voulez souffrir comme eux.La culpabilité est une forme de masochisme et c'est un virus on ne peut plus catholique. Un symptôme du " tendre l'autre joue ", cette apologie du sacrifice.La culpabilité naît de ces principes Oh combien fumeux du Bien et du Mal, principes tellement encrés en vous que vous ne savez plus ce que vous ressentez vraiment. Accomplissez vous tel ou tel acte parce que vous en avez envie ou pour vous soumettre à une quelconque moralité ? Qu'est ce que le Bien ? Qu'est ce que le Mal ? Chacun sa réponse, celle-ci résultant autant de votre éducation que des series télé degoulinantes de guimauve conservatrice dont les américains nous abreuvent. Chaque fois que vous commencez à ressentir cette asphyxie, chaque fois que le lierre court sur votre peau, repenser à l'acte ou à la parole qui l'a provoquer et poser vous la vraie question : est-ce que, égoïstement, cette parole, cet acte est bon pour moi ? La culpabilité c'est comme le choc de deux plaques tectoniques, votre ego qui n'est pas forcément - iste et votre moralité catholico- emmerdeuse. L'humain doit posséder un minimum d'instinct de conservation sinon autant se pendre tout de suite. Vous tenez à la vie oui ou non ? Question simple, la réponse de ce texte pseudo philosophique l'est tout autant. Acceptez le fait que vous êtes une personne a part entière et non Jésus Christ réincarné et ce faisant vous comprendrez que votre priorité première n'est pas le salut de l'humanité mais votre salut à vous. Oui, a bibi ! Histoire de me la jouer coach, répétez après moi :Pour aimer les autres il faut s'aimer soit même !Charité bien ordonnée commence par soi-même !Balayez devant votre porte !Ouais ! Je vois d'ici les pompom girls.La culpabilité c'est se reprocher de ne pas avoir privilégié l'autre à ses dépends. Le Bien et le Mal n'existent que dans la bible et autres Coran, chacun possède sa propre morale qui se résume à cela : Avec quoi je peux vivre et sans quoi je ne peux pas vivre.Ce qui vous rend malheureux est Mauvais, ce qui vous fais plaisir est Bien. Vous l'avez compris, le chocolat est Bien alors arrêtez de culpabiliser pour d'hypothétiques kilos en trop et savourez.La vie n'est pas un menu diététique.
« Ce n’est pas le mal, mais le bien, qui engendre la culpabilité. »
· Il y a plus de 7 ans ·Jacques Lacan, psychanalyste français
Marcus Volk