Curiosité(s)

jmml1

Curieux moi ? non... enfin... un peu.. et vous ?

Je ne suis pas d'une nature curieuse, pas très intéressé par les ragots, bruits de couloir et autre « radio moquette ». En plus, j'adore les surprises ! Mais depuis que je sais que mon fils de 16 ans sort  samedi soir, j'ai vraiment envie d'être une petite souris  et de le suivre jusqu'au cinéma où il a rendez-vous.

Dois-je le faire ?

                Si oui, je renie mes principes de responsabilisation de mes enfants. Après tout il sera bientôt majeur. Si non, je le laisse prendre le risque de rencontrer n'importe qui, sans contrôle. Après tout il est encore très jeune. Je passe la semaine dans cette alternative : y aller, ou pas…

Samedi 10 H : c'est décidé je n'irai pas, c'est sa vie, il est grand. Je n'ai pas à m'en mêler. Je suis heureux d'avoir pris la bonne décision. Je ressens une grande fierté personnelle ; J'ai confiance dans l'éducation que je lui ai donnée, il saura se tenir, faire les bons choix. En plus la journée est ensoleillée, ça m'incite à une petite balade au centre-ville.

Samedi 12 H : allez un petit apéro et je rentre. Je m'installe en terrasse, toujours le soleil. Ça papote dans tous les coins. La discussion des deux femmes derrière moi attire mon attention.

 « Qu'en penses-tu ? je dois là laisser sortir ce soir ou pas ? Elle bosse bien à l'école j'aimerai la récompenser mais en même temps à 16 ans … ça m'inquiète ».

Non, je ne peux pas écouter cette conversation, ça ne me regarde pas. Je vais vider mon verre et partir. Ça tombe bien le serveur passe devant moi. Je lève la main, il s'arrête, interrogateur : « je voudrais … un autre verre s'il vous plait ». J'ai craqué, je veux connaitre la suite…

« Ma chérie, il n y a aucune hésitation à avoir. 16 ans c est beaucoup trop jeune pour sortir le soir , fille comme garçon d'ailleurs. Crois-moi, je suis psychologue et les ados  perturbés par de mauvaises rencontres, ça défile dans mon cabinet ».

Je suis tétanisé : je ne m'étais pas posé la bonne question. Au lieu de réfléchira à « dois-je y aller ou pas », la bonne question était « doit -il, LUI, y aller ? »

Samedi, 15 H : c'est décidé, je le suivrai. Impossible de lui interdire d'y aller, j'ai promis. Mais je vais limiter les risques. Je suis fier de moi, j'ai pris la bonne décision. Le ciel commence à se charger de nuages, il est temps de rentrer. Il me reste 4 H à attendre, j'avoue être impatient.

Samedi 18 H 30 : le doute refait surface. Je fais quoi ? Ne serais-je pas en train de renier mes principes d'éducation ? Genre « fais comme je dis, pas comme je fais ». Il n'est pas trop tard pour… rester là. Tout à coup je prends conscience qu'en fait j'ai juste envie de savoir avec qui sort mon fils. Aucune crainte, aucun danger pour lui. Je n'y vais pas en protecteur mais en voyeur. Ça me fait mal d'être comme ça… mais il m'est impossible de faire autrement.

Samedi 19 H. Il part … je le suis, discrètement….30 minutes plus tard, il est au cinéma, moi aussi.

Et je vois son rendez-vous …

 Ma curiosité est satisfaite…Mais la vôtre ?

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