Dans le bois

aile68

Se retrouver contre un arbre, ne faire qu'un avec la sève qui monte des racines, l'écorce dure qui  égratigne vos  épaules dénudées. J'aime me retrouver dans la campagne, accompagnée d'un mince filet d'air qui vous rappelle qu'il a plu. Les maisons en bas  vous sont familières mais vous les ignorez. Votre regard se porte sur les montagnes qui ont chaud et qui jaunissent sous un soleil implacable. A vos pieds un ruisseau frais coule joyeusement, on dirait qu'il rit à travers les pierres glissantes. C'est le cadre idéal pour piquer un somme et s'en aller au pays des merveilles. Qu'il fait bon sous mon arbre fleuri! Je n'ai pas envie qu'on me rejoigne, je suis bien, à l'abri des contrariétés et des mauvais esprits. Tout à l'heure j'irai cueillir des fleurs, celles des champs font les bouquets les plus beaux. Tiens des chants d' oiseaux! J'en reconnais trois qui sifflent dans le bois à côté, le coucou, le hibou et la bergeronnette printanière, je crois en reconnaître un quatrième mais j'ai des doutes.  On dirait qu' un animal caché se mêle à leur cri, j'imagine que c'est un elfe, une fée, un farfadet. La nuit dans le bois on voit même des feux follets en été et des ombres qui fuient dans le noir en faisant frissonner des buissons. Au moment de rentrer, avec mon bâton de marche je trébuche sur des pensées envahissantes telles les lianes d'une jungle africaine. Parmi les maisons fraîches, il y a la mienne là-bas derrière avec sa rocaille et ses massifs. Plus je m'approche d'elle plus je devine la fumée de ton petit cigare. Tu m'as attendue patiemment entre le four et le puits où le chat se repose paresseusement. Plus je m'approche, plus je t'entends siffloter un vieil air d'antan voilà le quatrième chant que j'ai entendu tout à l'heure dans le bois. Tes bottes sont toutes crottées, combien de temps m'as-tu observée dans le bois près de mon arbre? 

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