Dans la forêt

aile68

J'étais dans la forêt, j'avançais péniblement entre les trous et les branches tombées à terre qui formaient des pièges pénibles pour mes pauvres pieds chaussés de baskets légères. Je me tordais les chevilles, et m'écorchais aux ronces, ce n'était pas une balade pour le plaisir, loin de là. J'étais seule, la forêt était profonde, je regrettais de m'être aventurée aussi loin, j'aurais dû emmener ma chienne avec moi. Quel joie lorsque je vis apparaître face à moi une jolie clairière bordée d'une rivière chantante, on eût dit une image qu'on donne aux bons élèves. L'herbe était douce, un vrai tapis de velours, j'ai ôté mes souliers de tissu que le sol accidenté de la forêt avait abîmé et j'ai trempé mes pieds échauffés dans l'eau froide du cours d'eau qui fuyait à l'est en direction du moulin de l'ange. Là-bas, on battait le blé et des dizaines de sacs de farine s'empilaient, prêts à partir pour les villages voisins.  Moi, j'aimais le pain noir du grand Albert, bien cuit, bien aéré, bien tendre, grand-mère m'en servait tous les matins et à tous les goûters avec du beurre et du chocolat. Cette après-midi là je n'avais pas envie de rentrer pour ma collation gourmande, j'avais juste envie de m'asseoir sur la rive et de profiter du beau temps. L'eau caressait mes pieds devenus froids, j'avais envie de battre l'eau telles les rames d'un bateau emporté par le courant. Il m'a été difficile de me relever, l'instant était si plaisant que je me suis promise de revenir en ce lieu magnifique, avec ma chienne et mon goûter, mon estomac s'est mis alors à gargouiller, il était temps de rentrer, j'enfilais mes fins souliers de tissu. Le chemin du retour  ressemblait à un fin tapis de sable et d'herbe mousseuse, point de ronces, point de sol accidenté, seulement la fraîcheur de mes jambes légères qui couraient vers la maison de mes grands-parents, une vraie maison de vacances où les gourmands se rejoignent autour de la table et racontent leur belle après-midi de rêve...

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