Connectez-vous pour commenter
Dans la nuit
Nicole Bastin
Du fond de mon lit douillet, j'ai d'abord vu mes jambes sortir de sous la couette.
Je me suis extirpé à mon tour et j'ai enfilé au plus vite mon pull et mes chaussons.
Je suis sorti à tâtons, dans le noir, uniquement guidé par la détresse de sa voix. J'entendais la peur d'être coincée dans le froid, la fatigue d'appeler en vain.
Dans la cheminée, quelques braises se consumaient encore, faibles lueurs rougeâtres pour baliser mon chemin.
Sans café ni tartines, la cuisine semblait vide. On était encore loin du petit matin.
En mode zombie automate, j'ai passé toutes les étapes.
D'abord la clé pendue au mur puis dans la serrure, le grincement de la porte, enfin le vieux mécanisme des volets.
Je l'ai enfin trouvée, figée, sur les graviers glacés. Ma petite Hermione...
Ses miaulements désespérés ont redoublé d'intensité. J'ai senti le reproche d'avoir tant tardé mais aussi son bonheur d'avoir été retrouvée.
À peine quelques caresses rapides, elle a vite filé, ingrate, dans la chaleur intérieure, me laissant, congelé, le soin de tout refermer.
J'ai soupiré, amusé, le souffle de ma bouche formant alors instantanément un doux nuage autour de mon visage. J'ai soudain pris conscience des trésors du dehors.
À mes pieds, un délicieux parfum de rosée.
Et tout au dessus de moi, dans un ciel d'ardoise, une immense toile de cristal.
Jamais on ne voit autant d'étoiles qu'en pleine campagne.
Impressionné par tant de beauté, je suis resté un moment pour tout admirer.
Dans ma tête brillaient des constellations par millions.
Autant de phares dans la nuit...
Emportant avec moi leur lumière étincelle,
je me suis recouché sans un bruit.
Dans mon lit m'attendaient mon chat qui ronronnait et le plus doux des sommeils.
TIMothée