Dans le nid des oiseaux de rouille (Dr Forlen)

Caïn Bates

       Le ciel est calme depuis plusieurs jours, les flammes sont désormais éteintes et les passants se font rares même dans les rues de la Capitale qui a pourtant été épargnée. Non pas que je m'en plaigne, ça m'a permis de trouver refuge dans une baraque qui semblait abandonnée. La fille ne parle toujours pas mais elle a l'air de se sentir bien, je sors seul et de nuit pour lui éviter le malheur de tomber sur la milice. Elle sait que si je ne rentre pas avant l'aurore, elle devra fuir dans la journée en espérant pouvoir sortir de cette citadelle. 
     C'est lors d'une de mes escapades nocturnes que j'ai surpris une conversation intéressante. D'après un ancien myasnik (un vendeur de chair) de la Capitale, les jours de pluie de la semaine précédente ont été prémédités par un groupe de rôdeurs qui voulaient la mort d'un médecin qui vivait non loin. C'est la raison pour laquelle la Capitale n'avait pas était menacée, cet homme fuyait cette ville depuis qu'il s'était installé dans les parages avec sa famille. Cette information, il la détenait d'un pilier de bar qui se faisait de l'argent sur de vieilles ferrailles glanées ci et là. Cet homme a bien sûr disparu quelques jours après dans l'atelier du myasnik.

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     Deux semaines que l'on "vit" dans cette bicoque, elle ne m'a pas encore adressé la parole et passe ses journées dans la chambre d'une gosse qui vivait là autrefois. Je l'ai surprise à attendre devant la fenêtre qui donne sur les remparts. Elle semble attendre qu'on vienne la chercher, je ne sais même pas si il lui reste encore de la famille, son regard désespéré me rappelle presque celui de sa pauvre mère. De toute façon, on ne peut pas rester indéfiniment ici. Chaque jour, je prends le risque qu'on me reconnaisse et, même si certains sont conciliants, d'autres n'hésiteront pas à me balancer à la milice pour quelques pièces.
      Malheureusement, je ne peux pas l'emmener avec moi, les gars qui la séquestrée sont les mêmes qui me recherchent et il y a de fortes chances qu'ils me traquent maintenant. Je partirai cette nuit, quand elle ne me verras pas revenir elle s'enfuira probablement et, dans le cas contraire, les gens d'ici n'ont rien contre elle. Pour ma part, je vais me rendre dans la plaine où se cachent les Oiseaux de rouille, ils sauront me dire si ce que le boucher a dit est vrai. 

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