Dans les branches

Jean Pierre Squillari

Un logement original pour les vacances.

Dans les branches

 

A force de rechercher la chambre d'hôte parfaite, le gîte idéal, le Bed and Breakfast rarissime, à force de feuilleter les catalogues, les brochures, et autres magazines spécialisés, notre choix c'était porté sur la cabane dans les arbres.

Cette année nous avions décidé de passer une partie de nos congés d'une manière originale. La description nous convenait, le lieu également, les services aussi ; le seul problème était le prix. J'avais eu beau tourner et contourner cet obstacle dans tous les sens, notre budget ne pouvait supporter une telle somme ! Bien entendu nous avions commis l'erreur d'annoncer aux enfants notre projet. Les mines déconfites furent encore plus conséquentes que l'illumination des visages lors de l'annonce de notre futur plan.

Il fallait réagir rapidement sous peine de condamner irrémédiablement les vacances d'été à un supplice lancinant.

L'idée me vint de la construire cette cabane pendant les vacances d'été. Nous avons un morceau de colline dans le haut Var et on y trouvera sans doute quelques arbres qui feront l'affaire. Le projet souleva l'enthousiasme dans la famille et le premier jour de congé était attendu avec impatience. Des repérages eurent eu lieu ; après quelques hésitations, le chêne au milieu du massif avait fait l'unanimité du jury.

J'avais mon idée sur cette construction, le postulat de base était de ne pas torturer l'arbre, aucune pointe, aucune vis ne devait blesser le végétal. La base de la cabane, devait reposer sur des madriers sur lesquels nous avions cloué un plancher, tout cela au milieu des branches. Chacun s'affairait aux taches désignées à l'avance. L'emploi du temps était réglé comme du papier à musique ; la nuit se passait sous la toile de tente, la toilette à la rivière, le vendredi était consacré à se réapprovisionner en matériel et nourriture pour la semaine ; aucun obstacle ne pouvait nous empêcher de travailler du matin au soir.

Une fois le planché posé, chacun avait ses planches à clouer, l'armature continuait à s'élever, jusqu'à pouvoir rester debout à l'intérieur ; un balcon prolongeait l'emprise de la cabane, le choix de l'emplacement des ouvertures, portes et fenêtres, avait fait l'objet d'un vote à main levée. Le toit posé, suivi de la célébration de la crémaillère avec du jus de fruit, il s'agissait de rendre la construction habitable. La priorité fut de réaliser une bonne étanchéité du toit ; à plus de cinq mètres du sol, il était inimaginable de confier cette tâche aux enfants. Muni d'un harnais et attaché aux branches supérieures, je m'acquittais donc de cette mission d'une manière plutôt convenable. Les étagères à l'intérieur et le choix de la peinture multicolore avaient été réservé aux enfants. Les finitions n'en finissaient plus jusqu'au moment où vint l'instant magique : l'installation d'un mini panneau solaire  qui nous donna la lumière. C'est le plus jeune d'entre nous qui eut l'honneur d'appuyer sur l'interrupteur…et la lumière fut !!!

Le déménagement de la tente vers la cabane fut rapide, le repas fut pris sur le balcon puis la veillée et les jeux de société terminèrent cette journée. La nuit fut mouvementé, car au moindre souffle de vent la cabane tanguait et craquait légèrement ce qui nous surpris dans un premier temps mais qui nous berça durant le reste de la nuit. Il reste encore de nombreux jours et nuits à passer percher, à épier par le balcon les bêtes sauvages, certes, il y a encore du travail mais à chaque jour suffit sa peine. Nous passons la fin de nos vacances dans la cabane perchée.

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