DANS MA TETE

224g

Faudrait ranger un peu là-dedans...

S'il venait en tête à quelque chirurgien désœuvré

Ou quelque fouille-cortex, explorateur de cervelas

L'idée de jeter un œil en dessous de mon bonnet

M'ouvrir le sommet du crâne et regarder en bas

 

D'abord  il n'y verrait rien, il y fait un peu noir

Il craquerait une allumette, pas d'ampoule au plafond

Il se pencherait sur mon cas, comme sur un miroir

Il n'aurait pas le vertige, ce n'est pas si profond

 

Il distinguerait bien certains contours d'une masse

Une sorte de boîte, avec des barreaux, comme une cage

Dans un angle, à l'abri, sous un tas de paperasse

Sous quelques arcs-en-ciel aussi et beaucoup de nuages

 

Il chasserait de la main les neurones comme des mouches

Il mettrait de côté les connaissances, sans les écraser

Un peu de philosophie, de grammaire, de jazz manouche

Le savoir des autres est toujours bon à récupérer

 

Il devrait se frayer  un chemin entre les souvenirs

Traverser des pièces pleines de statues, refermer la porte

Couper les ronces de la forêt de l'enfance, et pire

Esquiver les migraines, souffler la poussière d'amours mortes

 

Enfin il parviendrait jusqu'à la petite cage

Il percevrait alors un gémissement, une agonie

Le bruit d'une vague mourant sur le rivage

Ou le son de mastication de racines de pissenlits

 

Une seconde allumette pour voir à l'intérieur

À l'intérieur de la cage, au fond de mon crâne trépané

Et certainement stupéfait serait le professeur

De m'y trouver moi-même en train de ramper

 

Cette prison dans ma tête

Dont je suis à la fois le seul occupant et le geôlier

Cette prison dans ma tête

Sans miradors et que je suis seul à surveiller

Cette prison dans ma tête

Dont je ne peux pourtant m'échapper



224g 31/03/2015

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