danse de la pluie

La danse de la pluie.

«　Dis, maman, c’est quoi la pluie　?　»

Cet idiot de sorcier de pacotille ne vaut pas l’ancien. Il se trémousse et gesticule dans des postures incompréhensibles, et c’est la loi du genre. A part que son prédécesseur aurait eu plus d’élégance. Quand à l’efficacité, il faudrait voir.

Voilà longtemps qu’il ne pleuvait pas, si longtemps qu’il n’avait pas plu que le chef avait demandé au sorcier qu’il fasse la danse de la pluie. Mais maintenant tout le monde doute et s’ennuie. Il tarde à chacun de rejoindre son tipi ou l’on aurait eu mieux à faire. Peu à peu, les familles s’éclipseront tandis que l’apprenti sorcier continue son cirque avec plus de courage que de résultats, plus de mérite que de talent. Certes on ne se serait pas attendu à ce qu’il pleuve tout de suite. Et même du temps de l’ancien sorcier il y avait des doutes　: les ondées ou orages qui suivaient de quelques jours ce rituel n’auraient ils pas pu avoir lieu naturellement　? Mais du moins le spectacle eut été plus convaincant.

Le chef de la tribu ne fut pas le dernier à rejoindre ses pénates, où l’attendait sa nouvelle et jeune épouse. Et le spectacle qui s’en suivit (ou qui s’en fut suivi par quelque voyeur qui aurait assisté à la scène) aura été bien plus empathique que les gesticulations du sorcier.

Neuf mois plus tard, il ne pleut toujours pas. Mais un déluge d’accouchements se produit. Le sorcier mal dégrossi ne serait donc pas un incapable, il aura simplement confondu la danse de la pluie avec celle de la fertilité. Mais sans eau, dans un pays ravagé par la sécheresse, comment nourrirons nous tous ces enfants　?

«　Maman, c’est quand que je verrai de la pluie　?　»

«　Pleure pas mon petit, tu gaspille ton eau.　»