Name Dropping

Julia Nast

« Il y a dans le grouillement immédiat de l’esprit, une insertion multiforme et brillante de bêtes » Antonin Artaud

Ne prêtez pas attention à la pancarte "Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate" sur le perron de mon esprit, à l'époque déjà ça n'avait pas dissuader Dante d'aller fourrer son nez dans les enfers et d'aller faire du gringue à Béatrice. 

Une descente aux enfers ? Ce n'est pas le sujet, enfin je ne crois pas mais vous allez voir, je ne suis jamais sûre de rien. Mais entrez donc que je vous présente l'inquiétante étrangeté, vous savez, celle que nous contait feu Freud au coin du feu, celle qui prend Racine dans le pot-entiel anxiogène du familier, la vicieuse.

Elle nous assène de doute, nous mitraille d'interrogations et exerce une tension palpable entre conscient et inconscient. Insidieuse, elle dissout nos repères et renverse ce en quoi nous accordions foi et ce que nous rattachions à la fable. Elle prend ses aises, elle s'installe et elle nous reboot. Elle conçoit de nouvelles configurations en projetant les "possibles" qui sommeillent dans « les franges » du réel, ce que papi Leibniz surnommait les « petites perceptions ». Alors démunis, nous voilà incapables de distinguer la frontière entre le réel et l'irréel, notre discernement rend les armes. Vous le sentez ce mouvement intérieur provoqué à l'instant où le familier bascule dans l'effroi ? Vous la sentez cette rupture avec la rationalité rassurante ?

Préparez-vous à un état favorable à une ouverture vers quelque chose de plus grand, quelque chose que tonton Todorov -toujours le mot pour rire- appelait le "fantastique", le lieu d'hésitation instable que seul le sujet pensant peut faire basculer.

Laissez-vous succomber au confort de la naïveté et de croire « mille et une choses sans rien remettre en doute » comme le demandait Jean Cocteau dans «La Belle et la Bête ». A défaut d'un abandon à la naïveté, le litige s'installera et « il faut un litige quant à savoir si l'incroyable qui a été dépassé n'est tout de même pas réellement possible » (uncle Freud après quelques verres).

Ici vous trouverez des échantillons d'atmosphère de mon subconscient; hallucinations rêvées, psychoses, souvenirs; mon moi occulte où mes rêves sont des vérités dans l'irréel.  Là des mots qui flottent, tous ne sont pas les miens, prenons celui-là de Deleuze -dont la voix résonne encore nébuleuse- et Rancière -qui se fait rance- l'«archiressemblance», celle qui ne donne pas la réplique d'une  réalité mais témoigne immédiatement de l'ailleurs dont elle provient. Cet ailleurs vous y êtes. 

Prenons-en un autre, du bon vieux Schelling celui-là,  "unheimlich", "l'étrangement inquiétant" (≠ "inquiétante étrangeté" © Freud) ou ce qui devait rester un secret dans l'ombre et qui en est sorti. Le refoulé ou la conviction primitive ranimée par une impression qui fait irruption dans notre conscience. Dans mes heures de solitude l'unheimlich survient en cascade, comme une superpositions de sens qui se font échos, comme des « testaments trahis » de Kundera. 

Ah ! Ne faites pas attention à la sale bête aux airs d'incube psychique de Fussli, l'effroyable guète, assoiffée, mon sommeil ...


  • Et dire qu'elle sommeille...
    Que donne ces cogites lors quand elle songe alerte/alertée ; question de point de vue. Là encore il nous faudrait prendre de la hauteur sans la prendre de haut ; heurts du voyant/voyeur haut perché sur sa branche... Sciée d'ores à raison d'avoir fruit de la connaissance : " les hommes c'est comme les pommes " dit-on...

    · Il y a plus de 10 ans ·
    10453969 251723708367761 1556819208 n

    feudastik

  • étrangement inquiétant, j'attends :)

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Marianne orig

    ecriteuse

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