De chanter, mon âme s'est arrêtée

little-wing

C’est comme un désaccord dans une chanson de vie. Le rythme partit en branle, ne suit plus que son propre fil. Le chant devient faux. Les danseurs se désarticulent. D’aigu, le son plonge dans les basses. Un decrescendo palpitant. La partition en vrille tourne dans la tempête d’un orchestre qui ne s’écoute plus. Le bruit a rendu sourd une génération de grands enfants, entre le monde imaginaire et vingt mille lieux sous les mers.

            C’est une mauvaise note lancée dans une chorégraphie parfaitement huilée. Une mauvaise note dans l’ensemble désordonné. La seule vraie note en réalité. Lancée dans l’air pour y mourir, l’éphémère ayant rendu beau l’instant de son existence. De son unique tintement, la musique retrouve sa place.

            Dans la chanson en bordel, certaines y survivent mais y éclatent comme des petites bulles abandonnés telles des bouteilles à la mer. Dans la terrible symphonie, trouveront-elle quelqu’un pour les entendre ?

            C’est le mélange d’une valse sur de l’electro. La manière de dire « Rock’N’Roll, my life ! », message interprété par la voix d’un possédé, d’une génération de grands enfants, entre rêves et sensation d’ivresse. C’est du rock qui fornique avec du classique. Et le classique qui le trompe avec le jazz. Le jazz qui fait une fellation à la techno. Techno qui couche avec le rock.

            C’est un désaccord dans un monde sans morale. Une mauvaise note laissée pour compte, a quémandé pour sa brève vie. C’est une chanson en bordel a traîné sur les trottoirs pour espérer se vendre. C’est le mélange d’une valse, à travers la violence du rap.

A coup de meurtre, le nouveau remplace l’ancien. Danse sur du hip-hop. Chante pour des remix, mix des mix. Fais-toi envoler avec une voix synthétique. Même la batterie devient plastique.

La valeur du son, aujourd’hui violée par un simple clique, enregistré sur disque, envoyé à fond dans les enceintes, me fait rappelé qu’il fut un temps où des gens comme Mozart ou Beethoven n’avait qu’un piano pour faire chanter leurs âmes.

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