De la beauté

Fionavanessabis

Le beau, la brave, le regard de l'autre.

Que peut-on appeler beau ? Les avis diffèrent sur le sujet et différeront toujours. Rien que mon avis personnel sur la question change suivant les jours. Parfois je la perçois à l'endroit où personne d'autre ne peut la voir, du moins le crois-je à ce moment-là, et c'est ce petit air secret et un brin sauvage avec lequel je préfère la voir. Comme un clair de lune qui n'aurait qu'un spectateur, devant une mer bondée d'habitude, et là, soudain, dérobée aux regards. 

Je n'ai pas le culte de l'artiste maudit et de la souffrance romantique. Mais je trouve de la beauté dans certains trous au coeur. L'acuité de perception que cela peut apporter dans certaines circonstances. Entrevoir la beauté d'un instant anodin aux yeux des autres, comme le seraient les douces courbes des joues d'une personne discrète et peu remarquée plutôt que charismatique. Ou la beauté d'un arbre qui ne pousse pas droit, car il est livré aux vents et marées.

La solennité. La mélodie. La pureté. L'éclat et la clarté. La beauté que renvoie l'écho. Il suffit que l'instant permette de ne pas être complètement happé par ses désirs, ses inquiétudes de ce que sera demain, ses petits deuils de choses qui ne sont plus ou pas comme on l'aurait souhaité. Il suffit d'être un peu là, c'est presque rien, être présent, mais c'est là, comme une flamme qui vacille. Et en même temps, c'est tout, comme le moment miraculeusement bref et difficile où le surfeur est hissé sur la vague de manière insensée. Par la vague elle-même, par la conjonction de tout.

Et ce tout n'est précieux qu'à celui qui sait combien de fois il a tenté la même chose en se vautrant dans chaque autre vague.

Je n'ai jamais surfé pour de vrai. Par contre, j'apprends, à force d'avoir manqué d'air, que je ne veux que cela, de l'air, traduisez de la liberté et de l'amour en même temps. La liberté d'être avec autrui ce que je suis déjà au fond quand je suis seule et qu'une beauté incongrue ou évidente me ramène à moi, me ranime. Et l'amour de moi autant que d'autrui. A peu près dans cet ordre-là, les deux versants d'une même vague, ou d'une montagne, ou d'un visage d'être humain. Pour moi, surfer, c'est ça, être brave sur les deux versants de ma vague. Être vivante, c'est un peu ça aussi. Et être belle, véritablement, cela tient sûrement un peu à ça, ce peu d'écume qu'on dégage dans notre breve trajectoire.




  • Edgar Allan Popol
    J'ai lu votre gentil commentaire et voulu répondre, oui, exactement cher Edgar
    Et je crains d'avoir fait une fausse manipulation depuis mon téléphone car votre commentaire a disparu ! Je ne sais pas ce qui s'est passé, ma réponse semblait être en cours d'envoi. C'est à en perdre son latin !

    · Il y a plus d'un an ·
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    Fionavanessabis

  • Quoi de pire que quelqu'un qui vous dit "j'aime ce qui est beau" ?
    https://youtu.be/tlF-0bltois

    · Il y a plus d'un an ·
    Chainon manquant

    dechainons-nous

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