De la solitude

nyckie-alause

La lenteur

de celle qui est déjà une solitude

« tu marches, me dis-je

un pas, un autre pas »

au pas suivant des pierres roulent

roulent et rythment ces respirations,

qu'une vapeur échappe de la bouche 

et inscrit dans l'espace


Un pas

un souffle, un roulement des pierres


Le déroulé du pied autour de la cheville

le genou qui claque légèrement

au pas trop loin poussé

ce chemin qui ne cesse 

de monter inégal


Pied, genou, hanche

puis

la main qui se déploie en contre

pour saisir l'idée même du gravissement

Il se doit

que l'épaule attire dans son sillage le corps.


Celui-ci, le corps,

bien que mien

résiste 

comme si le choix du dehors

le choix vers l'emminence

un pas après l'autre au long du sentier

devait se faire « à corps défendant »


Atteindre

le sublime serait donc la raison de mon déplacement

solitaire


L'atteindre, voilà tout

s'asseoir et écarter les bras 

sémaphore ressuscitant de vieilles émotions

oubliées

Depuis quand ?


Entendre enfin les battements du cœur dans mes oreilles

accéder à la solitude avec ou sans la géographie

ne plus percevoir les cliquetis du Monde

les craquements du Monde

les hurlements du Monde


Je le regarde en face

le contemple immobile


Ma solitude est une respiration

simplement une respiration

Un souffle

entre deux souffles

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