De plume en plume

Jean Claude Blanc

indiscret que ce Net, abusant de cancans...

                               De plume en plume

De plume en plume on s'en raconte

Sur internet sans aucune honte

Pas difficile cette ponte

Tant on s'affronte à bon compte

 

Vain de commenter l'actualité

Tous concernés, on l'a sous le nez

La publier le moindre effort

Car la plupart des gens l'ignorent

S'en contre foutent, n'ont pas tort

 

Quant aux soucis, les oublier

Il y va de notre sérénité

Moi j'ai choisi de tout avouer

Même les mensonges, m'en confesser

 

J'y trouve toujours, un brave ami

Pour partager mes railleries

Sur les tenanciers de ce pays

Taillant un short à leur génie

 

Alors artiste citoyen

En quelque sorte péquin moyen

Mes fables n'auront jamais de fin

Tellement m'inspirent les coups tordus

Des politiques parvenus

 

Fier de partir à l'aventure

Sur le chemin des sombres ordures

Malgré qu'ils soient bouillants de culture

Mes vers leur mènent la vie dure

Pas vraiment de la littérature

 

Ainsi on se tient conversation

Même à distance, même opinion

Bien qu'anonymes trublions

On se réconforte d'avoir raison

 

Considéré comme vieux rapace

Fondant sur ce monde dégueulasse

Découvre encore des potes tenaces

Mais qui en ont plein les godasses

M'encourageant, de guerre lasse

Me sacrifier à leur place

Sachant que les censeurs menacent

 

Faire rimer, être dans le ton

Pour moi vitale obsession

La nuit, le jour, ne tourne pas rond

Tellement me presse le citron

Selon mon psy que je paie cher

Suis une sorte de bipolaire

Soudain je pique des colères

Mais qui s'apaisent en un éclair

Sale caractère, donc solitaire

 

Mais ça inspire mes tempes grises

Encore la faute à la crise

Crise de nerfs, d'épilepsie

Comme en témoignent mes écrits

Soigne mon mal la poésie

 

L'araignée trotte en mon plafond

Grâce à ses toiles, je suis fécond

Je tisse des mots soigneusement

Sûr d'en faire des romans

 

Mais vieux roublard, faut pas me la faire

M'adresse aux masses populaires

Ainsi qu'aux riches héritières

Dans le même panier, pas d'arbitraire

C'est préférable, tranquille pépère

 

Ainsi je gère mon capital

De reconnaissance chez autrui

Un brin de morale, c'est normal

A l'attention des culs bénis

Les encenser, ça les ravit

 

Soudainement, je change d'air

Jouant les noirs libertaires

Tapant sur le dos des agents de change

Les anarchistes sont aux anges

 

Puis j'en reviens aux téméraires

Fachos frustrés réactionnaires

Les engageant à se vautrer

Dans qu'il y a de plus laid

Quelle bonne cible, Bab El Oued

En faire des pages sur le web

 

Inévitables traditions

Je glorifie, ceux de ma région

Ça les dérange, j'en suis meurtri

Voyant en moi un simple d'esprit

 

Alors à force de gratter

Je ne sais plus à qui me vouer

Retourne en mon intimité

Mon propre juge désormais

Je ne vais pas me condamner

‘Finalement, moi je m'y perds

Plus j'en invente plus c'est amer

De refaire ce monde égalitaire

Plutôt prêcher dans le désert

De plume en plume, je m'amuse

Ainsi de taquiner ma muse

Même que je ne suis pas avare

Vous offre mes textes sans retard

Avant d'aller en mon plumard

 

Les SMS, sacré progrès

La mode est à tout déballer

A domicile sur le PC

Tellement pratique pour dégoiser

Que des histoires sans intérêt

Les pieds au chaud, devant la cheminée

 

« Communiquer », quel pauvre mot

Entré dans le langage courant

Qui fait écho sur les réseaux

Pas protégés des intrigants

Chacun se sert comme il l'entend

 

Pour pas passer pour arriéré

Je dois l'avouer, j'y ai goûté

Déblatérer, pet de travers

Mais au début, que pour me distraire

Mais véritable anthropophage

Enivré de tas de messages

Devenu addicte, malgré mon âge

Mais quand j'y trouve mon avantage

 

Par chance guéri de cette dépendance

Qui me causait tant de dépenses

J'en reviens au stylo, au papier

Ne vous livrant que ce qu'est parfait

Pour reconnaitre le vrai du faux

De ces auteurs qui s'y astreignent

Certains pirates notre cerveau

Je ne leur prêterais pas mon peigne

 

Parcimonieux et circonspect

Plus de confidence, aux inconnus

Même aux fidèles en amitié

Qui seraient jaloux de mes idées

Près de mes complices initiés

De plume en plume, me mets à nu

Me le rendent bien, ces cœurs blessés

On se perdra jamais de vue

Les mêmes outils à s'échanger

Pour restaurer l'humanité       JC Blanc mars 2017  (difficile s'adapter à la magie d'internet)

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