D'énergie. Pour dire qu'il était contre ceux qui étaient contre une prime d'embauche contraire à la décence ou au simple bon sens d'après eux, pour dire, en somme, qu'il était contre ceux qu'une telle somme contrariait, je ne peux pas mieux dire qu'une « débauche d'énergie ». C'était à la radio. Un auditeur qui passait à l'antenne. Il a dit à quel point il était fier qu'on ait pu débaucher, il n'a pas employé, je suis affirmatif, « engager », « enrôler », « recruter », autant de verbes positifs, encore moins «embaucher », qui fait trop salarié, il a dit le contraire, il a dit « débaucher », comme si ce qui comptait le plus n'était pas d'ajouter à son groupe quelque chose ou quelqu'un mais de soustraire à l'autre une personne ou un bien . Il a dit « débaucher ». Il l'a même répété. Voilà pourquoi je dis « une débauche d'énergie ». En l'entendant parler de la compétitivité des entreprises et employer au sujet de l'une d'elles des mots tels que « plus beaux fleurons de l'industrie française », moi qui ne comprends rien à rien à part le foot, j'avais comme l'impression d'entendre un supporter qui se réjouit d'apprendre que le club cher à son cœur vient d'obtenir la signature d'une star universelle du ballon rond, une star achetée grâce aux milliards des repreneurs du club, des magnats magnanimes qui vont constituer comme une constellation d'étoiles cosmopolite qui va nous faire gagner, suprême consécration, la Ligue des Clubs Champions de l'ère moderne et de la mondialisation. Un supporter à qui ça ne rapporte rien que le plaisir du supporter et sa fierté quand l'équipe supportée a gagné. « Françaises », les entreprises ? Moi, je veux bien, mais à quel point ? « Compétitives », mais à quel prix ? Et dans quel but ? Moi, je vous dis, à part le but gardé par notre gardien de but, et l'autre, à l'autre bout de ce terrain de jeux, je ne vois rien. Non, rien de rien, à part le foot et puis aussi un peu le cinéma. Je me souviens d'un film, Raphaël ou le Débauché, avec Maurice Ronet. C'est sûr, c'est suranné .