Debout les damnés de l'haltère
Jean Claude Blanc
Debout les damnés de l'haltère…
Pas un passe-temps, vous voulez rire
L'aérobic obsession
Une véritable addiction
Que la pratiquent les cœurs de lion
Etirements jusqu'à gémir
Même pas peur de souffrir
Deux heures par jour à ce régime
En se bourrant de vitamines
Sûr de ne pas tomber en ruines
Quelle jouissance pour les victimes
Collant moulant et serre tête
Pour dessiner de belles gambettes
Déjà tout l'air d'un athlète
Au club sportif, être la vedette
Pas s'en priver, car ça en jette
Ainsi chaque soir, après le boulot
S'y précipitent les gigolos
Pour ainsi dire condamnés
A démontrer leur bonne santé
Un peu flétris par les années
Mais peu importe faut se remuer
Tournent à l'eau claire, ces partisans
L'adrénaline leur shoote le sang
Le corps parfait, l'haleine fraiche
Y'a qu'au visage que ça pèche
Gym volontaire se casser le dos
Pour s'abonner faut être maso
Le teint hâlé de ces vieux beaux
Qui donnent l'exemple, pas cadencés
Suivre leur rythme, sûr d'en baver
Après l'été, les randonnées
Faut s'adonner aux sports d'hiver
Mais en automne, bien obligé
Musclés les damnés de l'althère
Sur un tapis se roulent par terre
Salles de supplices, désemplissent pas
De gros balèzes qui se gonflent les bras
Et bonnes femmes au ventre plat
Ventripotents et roitelets
Tout ce monde admis, bon gré mal gré
Mimant Véronique, Davina
En moins agiles, pas extra
Pour la plupart retraités
Mais pas encore handicapés
Tuant le temps, leur sainte journée
Tellement besoin se dépenser
Se paient séances bon marché
Le 3èmeâge, plus que c'était
Pètent la forme, ces périmés
Ne s'agit pas s'y comparer
Prenant soin d'eux, vous crèveraient
Rusés, tricheurs, suivant le progrès
Cachent leurs ridules, leurs bourrelés
C'est le grand cri, l'ordre nouveau
Que de se faire tirer la peau
Pas entrainé le gus mordu
S'y consacrer vraiment ardu
Ankylosé risque de phlébite
Tellement tordus, certains hésitent
A tout prévue sage amicale
Qui vous accueille avec joie
Avec certif médical
Sûr d'être apte pour lever des poids
« Toutou you tout, toutou you tout »
Ça marche pas à tous les coups
Si ça veut pas, faut oublier
Même inutile s'acharner
Que de la pub à la télé
Levée de gazelles, c'est à côté
64 piges mon pote d'enfance
Encore alerte, franchement la chance
Ne s'y voit pas en ce cinéma
Etant de nature auvergnat
Pour lui, que de la frime s'échauffer
Faire des pompes pour transpirer
Sur ses montagnes tronçonne son bois
S‘offre un canon de vin rosé
A l'occasion, un bout de pâté
Sachant même pas s'il a un foie
Ces sauteries s'en passe bien
Son quotidien, c'est le turbin
Ainsi il s'assouplit les reins
Contre son gré, vrai galérien
Pas à la mode, de ces crétins
En conclusion, la même fin
De vivre ici en clandestins
On s'en plaint pas, c'est tellement sain
Car nous protègent les sapins
La liberté nous tend la main
Jamais question faire les malins
Casser des bûches notre destin
N'enviant pas les citadins
Pour vivre plus, doivent subir
Tant de tortures pour jouir
Mon pote qu'aime plaisanter
Traite de bagnards ceux des cités
Menant une existence d'enfer
En tant que damnés de l'althère
Plus gravement en cette histoire
Certains d'entre nous pour rester jeunes
Se déhancher obligatoire
Conditionnés il faut qu'ils jeûnent
Pas trop bouffer, pour se faire du lard
A se demander s'ils sont heureux
En leurs manies de vertueux
Tellement débile se prendre au jeu
Ne me délasse seulement qu'à deux
Devant ma Dame, remue que la queue
Qu'a pas d'ulcère variqueux JC Blanc sept 2017 (fête de la gonflette)
Les salles de sport
· Il y a environ 7 ans ·Quelle horreur!!
unrienlabime