Déclaration
shoulamit
Un rayon de soleil traversait alors la pièce, j'ouvrais délicatement les yeux. Il faisait chaud et mon corps transpirant et nu, réveillait en moi le souvenir des ébats de la nuit passée.
J'enfile son t-shirt.
Le bruit des voitures dehors était infernale mais ça ne me dérangeait pas. On avait mal fermé la fenêtre hier soir et puis ça sentait encore la clope partout.
J'allume une cigarette.
L'appart était minuscule. Juste une chambre et une toilette. Sans rideaux ; le soleil en pleine gueule : on aimait ça. Une chambre pour rire, trainer, flâner. Une chambre pour discuter des nuits entières et s'endormir au petit matin. Une chambre pour se taquiner, se disputer et se réconcillier. Une chambre pour faire l'amour. Une chambre pour être heureux... Mais à deux ça suffisait. On ne trichait pas. On n'avait besoin de rien d'autre.
Envahie par notre odeur et imprégnée de nos pleurs, cette chambre était passion.
Et si l'on observait attentivement, on notait les traces de sang sur les murs, reliques d'un passé dont nous étions peu fiers. Mais si l'amour est passion, il est aussi la plupart du temps souvent destruction. On passait notre temps à se détruire. On se détruisait si fort mais la seconde d'après on s'aimait encore plus. On pleurait tous les deux, là dans cette pièce, dans cette chambre, dans ce taudis poussiéreux aux murs vétustes et fissurés. On pleurait et reniflait l'un contre l'autre, nus, collants et transpirants. On pleurait beaucoup.
Je le regarde dormir.
Mais cet appart était merveilleux. Je l'aimais cet appart. Je l'aimais pour ce qu'il est mais surtout pour ce qu'il évoque.
Il respire et transpire l'amour, la sensualité, le désir, la vérité. J'aime cet appart parce qu'il est écorché vif, un peu comme moi. Un peu comme lui. Un peu comme nous. Lui mon amour, l'amour de ma vie. Il était là. Près de moi. Encore endormi. Sublime. Là au milieu des draps déchirés, la tête à moitié sur l'oreiller, le corps nu et transpirant. Il faisait si chaud..
Il me regarde et me sourie.
Il ouvre les yeux, me regarde puis me sourie. Les yeux collés, les cheveux dans tous les sens. Il me regarde et me sourie. Il est si beau. Il pose la main sur ma cuisse, la serre très fort. Il me regarde et me sourie. Il m'attrape et me colle contre lui. Alors je le regarde et lui sourie. Mon endroit préféré au monde, c'était ici.