Crise maniaque
redstars
[ Je publierai peut-être ce texte demain, si j'ose. Là tout de suite, j'ai juste l'impression de lire le récit d'une tarée. ]
08/02/14 - 01H34
Je n'arrivais pas à rester allongée.
A attendre le sommeil, sagement.
Parce que tout s'est remis à délirer, là, sous le front.
Penser, penser trop, délirer, délirer bien, délirer grave, cogiter, cogiter trop, cogiter à s'en rendre malade. Faire des théories à partir de ses propres théories, saisir ses propres réflexions, aller de « logiques » en « logiques », oubliant le sujet initial, entre-deux.
Avoir un putain de big-bang à la place du cerveau, un monde lui-même dans un autre, et dans un autre... des idées qui se mélangent, s'entremêlent, se séparent, mais surtout : ne s'arrêtent jamais.
Bref.
Je me suis levée, et j'ai fait cuire des pâtes. Sans parvenir à m'empêcher de me demander : « ai-je réellement faim, ou mon nouveau médoc donne-t-il réellement faim, ou ai-je faim car j'ai lu que ça donnait faim ? »
C'est un petit résumé du bordel, ce genre de questionnement à la con. En soft. Et encore...
Je me suis forcée à manger mes pâtes, et c'est tout. Ne pas tournoyer dans tous les sens, m'agiter, comme ces écureuils de films de synthèses, toujours hyperactifs, à qui on fait souvent boire du café, ou du soda pour utiliser leur agitation déjà violente.
Ça a été dur.
J'ai fait un doigt d'honneur sincère à ce type de je ne sais quel groupe – et on s'en fout – qui parlait sur la pub youtube, retardant l'écoute d'un morceau The Cranberries. J'ai râlé. J'ai attendu pour écrire, là, je ne sais où. Quelque part, ailleurs, j'en sais rien. En me demandant où je vais retourner. En refusant de retourner où que ce soit. Parce que c'est épuisant.
On dira que je suis « redescendue ».
Parce qu'il n'existe aucun terme pour décrire un tel bordel. ( à part un mélange subtil de drogues dures, d'alcools forts, et d'émotions en vrac, peut-être... )
Tout est euphémisme.
Bipolaire ? Peut-être. Sûrement.
Trop, peut-être.
Et même, vous en savez quoi vous, avec vos gros livres de médecine ?
Vous savez ce que c'est, de le vivre ?
Non.
Et comme on ne parle pas d'une fracture du fémur, on va pas se comprendre.
C'est flou, abstrait, dingue à l'excès. Y'a rien de carré, de mathématique, ça varie d'un sujet à l'autre, aucune formule mathématique n'y changera rien, n'expliquera quoi que ce soit. C'est irrégulier, irréel. Ça ne s'explique pas même avec les plus faciles images ou les plus belles métaphores.
Y'a rien, rien, pour expliquer ce bordel. Et c'est bien dommage, parce que j'ai toujours besoin de réponses, moi. Qui est accroc aux « pourquoi ? » et aux « comment ? ». Parce que c'est trop flou, justement, que les soucis psychiatriques ont toujours été là, les uns, les autres, se mélangeant, évoluant, et quelque chose qui est mental, ça fait peur.
Surtout en ce moment.
Je crois que je suis « partie » beaucoup trop loin aujourd'hui. ( et hier, je sais plus )
En même temps, je commence un nouveau « neuroleptique atypique » ( si, si, ça existe ), d'où j'espère, l'intensité violente et perpétuelle de mes « phases ». Je sais pas. Je suis fatiguée de courir après des réponses, de crier des « pourquoi ? », d'exiger des « comment ? », trouver l'ennemi, l'analyser, le neutraliser, je suis fatiguée de passer ma journée à faire mille et unes choses inutiles, en même temps, surtout que je les oublie, que j'ai des dizaines de post-it sur mon bureau, que je ne lis même plus. Des envies surréalistes, un sentiment de confiance en moi inexistant le reste du temps. « Je vais écrire ça, et ça, et je tiens un truc, là, faut que j'écrive, je sais que je peux y arriver, que ça sera bon... »
Mais je réalise encore que cette confiance est... fausse. Irréelle.
Un bug technique, en somme. Je sais que c'est anormal, comme le reste : les logiques, le bordel...
Je sais que tant que je saurai que c'est « anormal », ça ira, même si l'humeur perturbée m'impose ses pensées, sans cesse. Mais si un jour je bascule, et crois ce que je ressens, alors je serai folle.
Le soir, je sais juste que j'ai passé ma journée à « brasser de l'air » tout en étant complètement HS et en parlant toute seule, consciente que si on me voyait, alors ça serait seringue, ambulance et psychiatrie direct. Si, si. Je me fais peur. Au point, à un moment, d'essayer de visualiser la situation de l'extérieur, et d'oser penser : faut que je m'envoie le samu. Le plus sérieusement du monde, avec une boule d'angoisse dans le ventre.
Où s'arrête une pathologie, et où commence la folie ?
Par la conscience, la lucidité ?
Se rendre compte que l'on est devenu fou, est-ce possible ?
Parce que je me suis sentie en train de devenir folle. Folle, malade, irrécupérable, comme si d'un coup, une fracture mentale car tout est trop intense, et plus rien de conscient en moi...
Me disant, je ne reviendrai jamais dans le réel, je suis « partie » trop loin, personne ne connait ces univers où mon esprit s'est échappé.
Imaginer : je vais finir à croire en ces « signes », ces « symboles », ces « messages », que je vois ou crois voir partout. Je sais que c'est faux, que c'est « dans ma tête » pour simplifier, mais... et si un jour j'y crois ? Ça voudra dire que je vais devenir folle ? Une folle cadenassée en elle-même, avec ce regard vide... prisonnière de ses pensées ?
Putain mais ça m'effraie rien que d'y repenser, à cette sensation : je-vais-devenir-folle-si-ce-n'est-pas-déjà-trop-tard. Folle... et c'est tout.
J'ai essayé de me calmer. D'arrêter de parler toute seule, de me dire de me taire, de me dire d'arrêter de penser, de me dire t'es chiante, de me dire ta gueule, de me dire « mais regarde-toi bon sang ! », mais si y'a un bouton « pause », alors le fait est que je ne sais où il se trouve.
Et j'ai déliré, encore un peu plus, là où les étoiles n'existent pas encore.
Je l'ai fatigué, je le sais, lorsqu'il est rentré.
Parce que je ne parviens pas – dans ces « phases » là – à m'arrêter de parler. De parler trop, de parler trop vite, selon ses dires, n'articulant qu'à moitié, tout ça sans sans m'en rendre compte. Et passer d'une logique à l'autre. M'emballer comme un cheval fou irrécupérable, mais le savoir, s'accrocher, se dire : je sais que c'est du délire, je sais que c'est pas normal, je ne suis pas encore folle...
J'ai pensé : pars, fuis, protège-le.
Je me suis préparée à un « adieu », un « je n'arrive plus à te suivre », un « je suis désolé je peux plus », je me suis préparée à tout, parce que je le comprends.
Je me fatigue moi-même, alors quelqu'un qui me subit... ne serait-ce que quelques heures... ça doit pas être très évident.
Rire de ses propres propos. S'émouvoir comme une fleur bleue. Retenir une larme et exploser la seconde d'après, on ne sait pourquoi.
J'ai pas pu m'en empêcher.
- T'as entendu cette histoire ?
- Oui.
- C'est beau...
- Oui, mais... facebook...
- Si y'avait pas eu facebook, elles se seraient jamais trouvées.
- Facebook n'est qu'un putain d'intermédiaire !
Et c'était parti, et ça n'avait aucun sens, ni d'intérêt. Et mon cœur battait trop vite, et j'étais furieuse.
Y'a juste des mots à éviter, je pense. Ils sont nombreux, là est le souci. En ce moment, « facebook », ça me donne envie de mordre.
Et je suis désolée si je te donne l'impression « d'être contre trop de choses », je ne sais plus au mot près comment tu dis ça... mais j'ai toujours des raisons. Des arguments. Je ne suis pas « contre » par plaisir.
Facebook... non. Conneries. Hypocrisie. Conneries. (bis) T'es pas dans les 4 % de gens qui vont publier ça sur leur mur ? Ohalala, mais va te pendre !
Mais je n'en peux plus, sérieux, soit on se réveille, soit... les surréalistes doivent se retourner dans leurs tombes. Plutôt deux fois qu'une.
Quand je me dégotterai un portable qui fonctionne, facebook, il va aller se faire voir, et bien... enfin, si j'y arrive.
Ça va pisser du sang bleu et des likes, mais ça va surtout me faire du bien, si j'ose, si j'y arrive.
Je suis lasse de suivre mes convictions débiles, d'essayer d'être quelqu'un de bien, qui reste posé, qui analyse, qui tente de juger de façon constructive, quelqu'un de bon alors que dans ce monde, les gens comme ça peuvent pas survivre, ils se font bouffer par les autres, ceux qui savent contourner les règles, mentir, insulter, détruire pour voler la place au-dessus. Ceux qui ont de grandes dents et aucune conscience. Je refuse l'animal. Je l'ai dompté. Je me sens comme un petit lapin dans une grotte emplie de fauves. Deviens un fauve, toi-aussi.... arrête de croire que les lapins changeront le monde, bon sang.
D'ailleurs, cette nouvelle interface tant qu'on y est : c'est de la merde, du copié-collé, du vu, du revu. Je me sentais bien ici, et maintenant, comme facebook, j'ai envie de me barrer, parce que ça pue. Si, si, ça sent la connerie à des kilomètres.
C'est comme la 4G, mais on s'en branle du meilleur opérateur ! Moi ça me donne envie de me frapper la tête contre un mur quand je les vois se battre la première place comme des chiens errants, celle du gagnant, du fortuné, la place du Pouvoir, dans leurs jolies publicités avec grande musique et belles images...
J'en ai marre de l'hypocrisie, du mensonge, ça me saute à la gorge en ce moment.
Je pensais comprendre, savoir... mais là, c'est comme si j'avais des lunettes qui montrent tous les vices.
Je crois tout voir.
Les sous-entendus, les « signes », des détails que j'ose estimer être la seule à voir. Ce monde me donne envie de vomir, je ne veux pas changer pour survivre, et de toute façon, je doute avoir un jour la vie «boulot-métro-dodo », j'en suis incapable, même si je ne demande que ça : arrêter d'être dans les petits paragraphes ilisibles en bas, le détail rare, ou le fait non prouvé. Je déteste l'avouer, mais la jolie case « normale », en ce moment, je ne demande que ça. Ou ses apparences. Mais arrêter d'être le truc bizarre, le truc que personne comprend, le détail, l'anomalie.
Un jour, je croirai peut-être à un complot. Plus rien ne m'étonne. Un jour, je serai peut-être folle d'avoir essayé de me faire à ce monde de merde. Désolée, ça fait très « j'ai quinze ans et j'ai un tee-shirt No Future », mais le fait est que l'homme redevient un animal.
Et d'ici peu, parce que ça va trop vite pour tout le monde, y'aura plus de lois, de règles, rien. Juste des paumés, des brisés, des êtres errants, dangereux, des animaux réduits à leurs besoins les plus stricts et naturels.
Je sais que si je me relis, je vais avoir peur.
Je sais que je vais faire peur à quiconque n'ayant pas ce genre de « phase maniaque », pour employer le joli terme médical.
Mais le fait est que je « préfère » parfois (avec de gros guillemets) les idées noires. A défaut d'une pause, une accalmie. A défaut de quitter le wagon du grand huit. Que je sais pas comment faire, pour gérer ce bordel.
J'en sais rien, je suis fatiguée. J'ai que ces phrases à la bouche.
Fatiguée. Rien. J'en sais rien. Fatiguée. C'est pas toi. C'est moi. T'inquiète pas. Enfin essaie... je suis désolée... c'est pas toi, promis, mais... excuse-moi.......... . . .
Je voudrais du vide.
Juste un peu.
Je n'en peux plus de partir dans tous les sens – même ceux qui n'existent pas – avec une batterie rouge qui clignote : « je m'éteins, je m'éteins, calme-toi, je vais m'éteindre... »
Ça n'aura servi à rien, ce texte.
Je n'y suis pas arrivée.
A « décrire ».
Je vais retourner me coucher. Me lover contre lui, et essayer de dormir.
Profiter, l'écouter respirer, en me disant que plus que jamais, rien n'est jamais acquis.
***
08/02/14 - 11H51
Au final, j'ai fait un petit malaise. Effets secondaire du médoc ? Fatigue ? Cette sciatique qui me fait mal à m'en faire tourner la tête ? Les trois ? Je suis désolée de t'avoir inquiété, de t'avoir appelé, parce que j'ai eu peur bien que sachant que c'était rien.
Mais promis... je m'accroche !
Le "bordel" que tu nommes me fais penser à une écriture automatique, où on écrit sans filtre, ce qui passe par la tête quand ca nous vient en tête. C'est une écriture que j'affectionne particulièrement: je m'en sers personnellement pour "vider le trop plein", me délester de ce qui m'empoisonne et... ça marche, ou devrais-je dire marchait car j'y recours de moins en moins. Ne vous justifiez pas, ce beau bordel c'est peut être - le fait de l'écrire en tout cas - ce qui nous sauve tous.
· Il y a plus de 10 ans ·Comme disait Blonde-thinking-on sundays: CONTINUE!
sandocha
:)
· Il y a plus de 10 ans ·redstars
je ne suis pas douée pour commenter; là, je suis restée sans voix. J'ai quand même envie de te dire que c'est criant de vérité, et qu'à mon sens, tu as bien fait de laisser ce texte à l'état "brut": il en ressort de cette manière que l'on voit mieux comment ça se passe dans la tête à ce moment là. Tans pis si en tant que lecteur, on ne suit pas toujours le fil de ta pensée, on ne te perd pas pour autant... Merci pour ce témoignage. Et... oui, accroche-toi.
· Il y a plus de 10 ans ·Je lis ça et là que les coups de coeur ne servant plus à grand chose, seulement là, je ne peux m'empêcher de t'en donner un
sandocha
Merci.... merci, vraiment. Ça me fait plaisir, même si c'est assez "bordélique" comme texte.
· Il y a plus de 10 ans ·redstars
Pfiou je suis toute essoufflée de ce texte, accroche-toi oui. Je ne sais pas si tout cela est vrai, mais en tout cas j'ai trouvé tes mots très réalistes et je crois qu'on aurait pu les scander quand ds la chanson de FAUVE "Je suis de ceux"... Fauve ? Tiens donc... tu connais ? Bref il aurait été dommage de pas poster ce texte. Il mériterait d'être un peu retravaillé par contre mais c'est selon moi.
· Il y a plus de 10 ans ·Qui est accroc aux « pourquoi ? » et aux « comment ? ». >> j'aurais écrit "Moi qui suis accroc aux..."
Continue...
blonde-thinking-on-sundays
Merci...
· Il y a plus de 10 ans ·Tout est vrai, mais ça ne me suffit pas, je ne suis pas parvenue à décrire ce genre de "phase" comme je l'aurais aimé. Oui, je connais Fauve, les textes me parlent énormément, je suis rapidement devenue une grande fan, même si le mot "fan", j'aime pas. Quant au fait de le retravailler, je préfère le laisser comme ça, car c'est du spontané, et si je le retravaille, le ressenti ne sera plus. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire.... je voulais décrire, comme ça, comme ça vient. Ça représente bien le bordel, vu que c'est bordélique comme texte.... * je me comprends, mais ça suffit pas... *
redstars
Evidemment que je comprends pourquoi tu ne le retravaillerais pas. C'est juste qu'on capte bien le bordel, mais le bordel en question fait perdre de son intensité à l'ensemble. Tu as très bien décrit ce moment. Peut-être manque t-il des descriptions physiques... comment est ton corps lorsque la tête tergiverse autant ? Je sais pas moi, as-tu froid ? Es-tu désincarnée ? Mais bon c'est réaliste, jusqu'aux rapport avec ton chéri. Très bien
· Il y a plus de 10 ans ·blonde-thinking-on-sundays
Peut-être ferai-je une "suite" pour l'aspect physique. Qui sait :) A bientôt !
· Il y a plus de 10 ans ·redstars