Délices
monafareau
Moi j'ai ouvert la porte et c'est lui qui l'a close.
Il saisit mon poignet, je m'échappe, il se fâche,
Il mord mes lèvres et dit : « Faut-il que je t'attache ? »
Aussi savant en gestes qu'économe en paroles
Il feint de s'en aller, alors dans son épaule
J'enfonce mon sourire bien profond dans sa peau.
Là, debout contre lui, je sens ma soie froissée
Qui n'aura pas besoin de ses mains pour tomber.
Vers le lit il me pousse et m'affole, il veut
Engloutir dans les draps nos fureurs et nos jeux,
Vivaces cavalcades et tendres soubresauts.
Et moi dès lors je vis, je ris, me plie et ose…
Oh oui, je me rappelle vos exhortations
A ne pas regarder au-dessous de moi-même,
Ma naissance est si haute! Mais sans hésitation
Moi je sais que ce gueux c'est dessus que je l'aime.
Et qu'il ne me plaît plus d'être dite « charmante »
Quand ce à quoi j'aspire est de flamber, brûlante
De savourer les goûts, les bruits et les couleurs,
Le fumet enivrant de nos ébats rieurs.
J'abandonne, ravie, ma destinée glorieuse
Et n'ai plus qu'un désir, celui d'être sa gueuse,
Pour pouvoir marier mes actes à mes instincts,
Pouvoir, par-devant lui, faire face à mon destin,
Aimer jusqu'au délire ce qu'il veut faire de moi.