Crime au bâtiment

Eddy G.N. Lane

Dans un bureau de NYPD

–– Voue êtes venu porter plainte ?

–– Non, oui enfin je suis venu dénoncer un crime.

–– Vous en étiez témoin, vous avez vu le crime ?

–– Non.

–– Bon, asseyez-vous et racontez-moi de quel crime vous voulez parler, quel crime voulez-vous dénoncer ?

–– Il n'y a pas eu de crime.

–– Je vois, Matt regarda vers son coéquipier Ante Portas, vous vous êtes, donc déplacé pour venir nous parler, voir nous signaler un crime qui n'a pas eu lieu.

–– Non, oui, enfin le crime ne s'est pas passé, mais je connais le criminel.

–– Ah oui ?

–– Oui, c'est moi !

–– C'est ça ! Il n'a pas eu de crime et le coupable c'est vous. En tout cas il y a une victime. La victime c'est moi qui écoute vos délires.

L'homme, genre étudiant, ambitieux et fauché, sortit un papier et le posa sur le bureau de Matt.

–– Voila, j'ai tout écrit, tout y est. Mais avant de lire accordez-moi encore une ou deux minutes, je vous explique comment les choses se sont passée, enfin comment elles ne se sont pas passée. Il aperçu un geste d'impatience de Matt et accéléra. Vous connaissez, certainement le grand bâtiment d'assurance Mayer's non loin d'ici.

–– Oui, oui.

–– Le patron, Jeff Mayer sort chaque jour pour prendre la place dans sa Mercedes, que son chauffeur avance à 11h56 précisément.

–– Il va bouffer comme tout le monde, un peu mieux que tout le monde, question pognon. Et alors ?

–– Et alors je planifiais l'attaquer et lui arracher son Rolex et lui enlever le portefeuille.

–– Et ce n'était pas fait ?

–– Non !

–– Je peux lire maintenant.

–– Oui, s'il vous plaît. Ce texte est en quelque sorte mon héritage. Mais je ne suis pas digne de mes origines russes. Je n'ai pas osé.

Matt prit la feuille et lit.

 Hum, oui, toutes les choses sont à la portée de l’homme, et tout lui passe sous le nez, à cause de sa poltronnerie... c’est devenu un axiome... Il serait curieux de savoir ce que les hommes redoutent par-dessus tout. Ce qui les tire de leurs habitudes, voilà ce qui les effraie le plus... Mais je bavarde beaucoup trop, c’est pourquoi je ne fais rien, ou peut-être devrais-je dire que c’est parce que je ne fais rien que je bavarde. Ce mois-ci j’ai pris l’habitude de monologuer, couché pendant des jours entiers dans mon coin, à songer... à des sottises. Par exemple, qu’ai-je besoin de faire cette course ? Suis-je vraiment capable de « cela » ? « Est-ce » seulement sérieux ? Pas le moins du monde, tout simplement un jeu de mon imagination, une fantaisie qui m’amuse. Un jeu ! oui c’est bien cela, un jeu ! 

–– Excellent ! Matt se tourna vers Ante, le regard ''je comprends que dalle'', c'est très bien exposé on suit facilement vos idées, oui, c'est excellent jeune homme. Et puis vous avez bien bien fait de ne pas déranger Monsieur Jeff Mayer et de pas commettre ce délit. C'est tout en votre honneur. Vous pouvez partir tranquillement chez vous.

L'étudiant se leva et parti vers la porte le pas court, hésitant. Mura se leva aussi derrière son bureau et toute souriante lui ouvrit la porte l'encourageant à la franchir. L'homme murmura encore ''désolé'' et quitta le bureau.

–– Fais voir, penchée au-dessus de l'épaule gauche de Matt Mura lit le texte que l'homme avait laissé à haute voix.

–– Très intéressent dit elle.

–– Ah bon ?

–– Ah bon, dit Ante, moi je ne trouve pas, étonné d’avoir une opinion. Et puis c'était qui ce mec ?

–– Raskolnikoff !

–– Et comment tu le sais, Mura ? Il n'a pas signé ce papier. La seule lecture de ce charabia te donne son nom ou tu passait par là, lorsqu'il présentait sa carte d'identité à l'accueil ?

–– Va savoir, sourit-elle.

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