Depeche Mode: planer en Delta Machine

Gyslain Lancement

Qui peut encore se payer Depeche Mode? Leur tête? Oui, c'est facile. Pour cela, il vous suffit d'aller fouiner sur Google images la tronche de garçon coiffeur arborée par Dave Gahan du temps de "Speak&Spell" ou "A Broken Frame" dans les 80's. Soit une décennie aux productions capillaires et musicales horriblement datées mais où l'insouciance de sortir un album par année ne décoiffait personne. Plus sérieusement et sans déni de sale gueule, qui s'en est sorti aussi bien en trente ans d'activités?

Avec un nouvel album au compteur et avant d'aborder une énième tournée mondiale, Depeche Mode n'a cure de publier un disque au chiffre porte bonheur. Le treizième. Alors, à la différence de beaucoup de groupes (Muse, les Red Hot...) qui remplissent des stades - sans scrupule de flinguer des pelouses brossées et prêtes à accueillir le spectacle de vrais passionnés - Depeche Mode n'a plus à compter sur la chance, la tendance ou le temps qu'il fait. Car mine de rien, et après avoir essuyé des tempêtes internes - soignées par des projets solos méritants de chacun des membres - c'est Depeche Mode eux-mêmes qui détermine le temps qu'il fait. Avoir 50 balais en 2013 et (encore et toujours) se démancher sur des boîtes à rythmes, ça aurait pu faire peur à certains. Pas à Dave Gahan. Pas à Martin L. Gore. Pas à Andrew Fletcher. Le trio emmené par un Gahan aux manières borderline excelle dans le maniement séquentiel et intemporel. Leurs fortes tendances à tirer sur les nappes synthétiques n'ont jamais rebuté le groupe à remettre le couvert, tant et si bien que les plus belles parures de "Delta Machine" auraient trouvé leur place dans n'importe quel album du groupe depuis "l'Ultra" mort clinique du chanteur en 1997. Avec en plus une agaçante disposition à afficher une évolution discrète, que ce soit dans l'électro anti-datée de "Soothe my soul", la noirceur sensuelle d'"Alone"ou le blues lancinant et numérique de "Slow". Gonflés de hits qui rempliront les cases creuses d'RTL2 ou n'importe quel radio ne se battant que sur le fer chaud, Depeche Mode, maîtres en leur royaume ("Welcome to my world") n'en finissent pas de jouer avec les anges ("Heaven", "Angel") et s'en iront rester secret jusqu'à la fin ("Secret to the end").Gyslain Lanzman
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