Déraison d'une Ombre
terosse
Je suis passé près du pont, dans l'onde
J'ai vu les yeux, globuleux et sombres,
Et ce nez plat et creux. Nul air n'en sort,
La vie s'est tût. Mais il gît, puissant et mort,
Sans opprobre devant Dieu. Et la nature vaincue
Laisse ma raison seule et frêle.
Ainsi nous-vois-je, Terreur, masque livide et austère.
Dans tes yeux, le néant se borne,
Le vide gluant s'épand, puis se pâme
Et plonge dans l'ombre un passant sans âme.
Son cœur s'effondre, les maux des mots
Sont une bête immonde que nulle plaie n'émeut.
Ce double, visage obscur de la mare
Où la peur se moire, se meut, se noie,
Boit les eaux noires de mon destin.
Sans haine ni vertu, à la diagonale du fou,
Les pâles rayons de la Lune qui se tait,
Défient le visqueux; elle se pare
Sans ambages ni lustre, de ses haillons brumeux,
Sous les limbes, les nuées et les flux douteux.
Elle suit sans peine, et dans le froid qui hurle,
Le dernier des hommes_ qui pleure.
Astre luisant, sois pieux, sois clément,
Il a perdu ses Dieux.
Ça fait très longtemps que je ne viens plus par ici....et je suis tombée sur toi.....juste profondément sublime....merci pour cette instant
· Il y a presque 10 ans ·Mery
mery
Merci. Je l'avais écrit d'une traite en cours parce que je n'arrivais pas à trouver les mots pour parler à une fille. Il exprime mon désarroi à ce moment et ma déception. Je lui ai montré le poème après et j'ai découvert qu'elle était poète aussi.
· Il y a presque 10 ans ·terosse