Dernier souffle?

La respiration siffle. Le temps manque. Tout semble trop sombre. Durs ont été les derniers mois. Relié à la vie par une multitude de fils, je continuais mon parcours dans ce lit trop blanc de cet hôpital trop glauque. L'équipe soignante est adorable. Mais l'envie n'est plus totalement là. Toux et crachats, quotidien ingrat. Je n'ai rien demandé, je n'ai jamais rien fait qui peut nuire à cette santé fragile qu'est la mienne. Le fil est fragile. La santé l'est encore plus. Le simple fait de me tourner dans le lit me demande un effort exceptionnel. Je suffoque, je crache, je tousse, je m'épuise.
La vie est injuste, mais je me bats. Malgré tout je me bats. La fatigue s'intensifie. Les traitements aussi. Je me demande pourquoi je ne suis pas fluorescent la nuit. Vu tout ce qu'on m'inocule, ce ne serait pas étonnant.
Non, la nuit, je ne brille ni ne dors. Je stagne péniblement dans la pénombre, mes couvertures faiblement éclairées par ce réverbère sur le trottoir en bas. Les ombres dansent sur le plafond de ma chambre. Je m'imagine volant, libre, débarrassé de ces boulets qui me traînent dans une existence qui m'insupporte de plus en plus. Le temps me manque alors que je m'endors enfin, parti au pays des rêves, le seul où je puis faire ce qui me plaît, ce qui me fait envie. Je me sens vivre dans mes nuits de sommeil, et me sens mourir chaque fois que le sommeil me quitte et que je m'éveille.
Paradoxe? Peut-être, mais quand on ne choisit pas, tout semble cruel, puisque rien n'est contrôlable.
Malgré tout je garde ce sourire pour tous ceux qui m'accompagnent, j'espère tout au fond de mon âme me réveiller un jour sans ces horribles piqûres, sans ce lit blanc, cette chambre maudite, ces fenêtres blanches, cette odeur inhospitalière, et cet endroit horrible.
J'y arriverai. Peut-être.