Derrière les apparences

paratge

Quand on ne voit pas les gens tels qu'ils sont...

Nous avons voyagé jusques en Aveyron
Ce matin de bonne heure, mon père seul à bord
- Sa compagne souffrante, restée sous l'édredon -
Pour aller arbitrer qui dit vrai, qui a tort.

Nous avons peu parlé car l'audition lui manque
Et qu'il se satisfait du silence absolu.
Moi, j'ai toujours pensé qu'il ne parlait que banque,
Qu'il ne voyait en moi qu'un être dissolu.

Pour gérer ses affaires, j'ai du intervenir,
Donner mon opinion, des recommandations.
Il m'a laissé agir, pensant  à l'avenir.
Plus question de grief, reproche ou damnation.

Sur la voie du retour on appelle sa belle
Qui s'enquiert de savoir dans quel état il est.
Je pariais qu'il allait lui jouer les rebelles,
Mais il lui répondit : « Mieux quand je te verrai. »

Je veux vivre cela ! A quatre-vingt quinze ans
Il garde au fond de lui une si belle flamme !
Toujours dur en affaire et aussi exigeant
J'ai bien longtemps douté du fait qu'il ait une âme.

Mais plus de cinquante ans passés  à ses côtés
N'ont pas même émoussé cet amour qu'il lui porte
Ni le sens des affaires duquel il est doté
Les deux ont fait de lui une personne forte.

J'ai retrouvé un père et peut-être la vie.
Je me suis cru perdu à force de souffrir
Mais cette phrase là m'a redonné envie
De bien moins demander et de bien plus offrir.

Je t'offre donc mon cœur, mes mots et tout le reste,
Ma passion, ma ferveur et ma mystique avec.
Que tu voies mon amour dans chacun de mes gestes
Que notre relation bannisse tout échec.

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