DES CENDRES SOUS ZERO
yl5
Il y a une soixantaine d'années (de la Terre), la plus haute mine d'Europe était perchée dans le massif des Grandes Rousses à 2 600m d'altitude.
Exploitée surtout l'hiver, elle voyait une cinquantaine de paysans chassant l'oisiveté forcée, devenir mineurs et déterrer jusqu'à mille tonnes par mois d'un excellent anthracite, descendu par téléphérique jusqu'à un atelier de conditionnement à Bourg-d'Oisans. Travaillant en trois huit, ils vivaient sur place ne rentrant dans leurs fermes qu'en fin de semaine.
A la fonte des neiges, ils regagnaient leurs champs avant l'inondation mettant en quarantaine les galeries, que les premiers mineurs inexpérimentés avaient creusées verticalement en suivant lors de leur découverte les veines affleurantes.
Là-haut au fond, la vie était rythmée, en dehors des repas, à chaque heure tapante par la prise du quart de 12°, amenant entre la trentaine de Polonais et les gars de Besse à de courantes bagarres, mais dans le boyau on se réconciliait pic en main.
Leur tâche achevée, et leurs taches ôtées, ils dormaient dans un ancien refuge à un étage. Il avait été bâti en pin du coin, par et pour des prisonniers allemands, lors de la seule guerre du vingtième siècle, où ces visiteurs surclassés passèrent autant de temps captifs, après une lutte pas facile sur ce sol mi-doré là si désiré.
En février 1950, peu avant cinq heures du matin, une formidable avalanche emporte le toit, bascule le haut des murs, ratatine le plancher, et renverse les braséros de fortune, chauffage sauvage tentant de dégeler la dizaine de mineurs endormis.
Le feu aux anges dans ce temple au pin bénit, prend de l'ampleur sous les cris des torches humaines coincées sous les poutres emmêlées. Il consume entièrement l'intérieur de cette demeure, engloutie sous la coulée de neige, laissant bientôt apparaître des jets de vapeur sombre, tel un geyser islandais pollué par un car de touristes porté disparu.
De cet enfer glacé, deux en réchappèrent : le fils du dénommé « la jambe de bois » de corvée de combustible, et un de Besse insomniaque, qui immobilisé sous une poutre tel un renard pris au piège, dut pour s'extirper se couper le poignet avec son coutelas, mais finalement pour rien, car dix secondes après la coupure de son dernier tendon le madrier ripa, poussé par les éboulements successifs.
Vengeance de la montagne dont on fore sauvagement les flancs pour en extraire les tissus destinés au bûcher des hommes ?
Ce qui est certain c'est l'abandon de la mine après ce drame.
A l'heure actuelle certains des descendants de ces pauvres chercheurs d'or noir durci, après reconversion dans la conversion font fortune dans l'or blanc.
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· Il y a presque 11 ans ·Fil,Hip,Oohhh, 18 Rockin Cher
Killy mange à Rio. Hummm j'adore
· Il y a presque 11 ans ·yl5
Ce fait divers m'a plu car il mêle les paradoxes, le blanc et le noir, bref du doute.
· Il y a presque 11 ans ·yl5
La haut, au fond , évidemment, plus ils grimpaient haut, plus ils allaient profond, encore un paradoxe bizarre ça!
· Il y a presque 11 ans ·arthur-roubignolle
Voir ci-dessus !
· Il y a presque 11 ans ·yl5
Belle histoire dramatique sur l'histoire! C'est très bien raconté, très imagé avec en plus la poésie et un peu de musique... J'ai vu la scène. Kiss
· Il y a presque 11 ans ·vividecateri
Merci et bonne plume.
· Il y a presque 11 ans ·yl5
Kiss!
· Il y a presque 11 ans ·vividecateri