Des excuses et des arbres.

ellis

Et dans ma tête, y avait encore Tracy Chapman et sa litanie et moi je me disais que ce serait doux de t'entendre me dire ce tissu-là, en bon français pour le coup, mais diable, ça doit faire comme un baume, un truc hyper doux, une huile qui te répare tout, qui te pénètre jusque loin en-dedans, pour guérir là où on t'a brulée.T'entendre dire d'une manière purement maladroite et sincère que t'es désolé. Mais jamais. T'en as jamais fini de te taire. Et chaque fois que par mégarde je tombe sur Tracy Chapman et cette conne de chanson, ça me fait une petite morsure aigre mêlée d'une putain d'envie de fuir. Mais je ne bouge pas d'un millimètre. Tu verras rien de rien.

Oh. Hier y a une fille que j'aime qui a pleuré dans mes bras. On parlait et j'ai senti loin dans ma chair comme c'est universel. Les mots qu'on dit, ils restent. Tous. Les mots d'amour qu'on voudrait retenir et qui vont irradier dans le ventre de l'autre comme des soleils - L'économie c'est toujours dommage. Faut pas être avare de ce qui peut rendre heureux - 

Et puis les autres-là. Les crachats. Le vinaigre.

Disons que t'es un taiseux et que ça me mange. Disons que je suis une fille bavarde et qu'on s'en accommodera.


*

La fille qui blesse est blessée.

Et toi, tu es un arbre.

Grand, fort, solide.

Planté loin dans le sol.

Tu étais là avant.

Tu seras là après 

Moi.


*

Tu es cet arbre qui invite au bonheur

Tu n'as nulle autre prétention

Quand je voulais t'en prêter mille

Quand je dansais autour de toi 

Dans des voilages de cendres

A pleurer que tu ne me voyais pas 

Tu étais l'arbre auprès duquel on s'embrasse

Et moi je griffais ton écorce.


Mais je ne suis pas désolée tu sais

Nous sommes des monstres et nous sommes

Des enfants

L'amour est un feu et l'on s'y brûle


Nous avons des rires et des caresses en retard

Et les excuses sont des mangeuses de temps à vivre. 

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