Des Flammes sur la Mer

Ferdinand Legendre



Parfois je me laisse déborder par ces sentiments ramenés des vagues.

Ils s'échouent là, parmi les algues et l'odeur de celle qui ne dit pas son nom.


J'étais venu, de la suie au visage et des gouttes de sueur, dégoutté des nuages, pressé contre mon cœur, un écho déchiré d'échec, des yeux tristement secs.

J'étais venu pour fuir l'incendie, calciné jusqu'aux cimes, ce que nous nous sommes vu chuter, en silence, chuchoter nos pensées au lieu de les crier.

Nous nous étions vu fermer les yeux sur nous-mêmes, se chercher dans la fumée, manquer d'étreinte.


Régulièrement je suis frappé par les flots de tes flancs, comme cette coque abîmée dont je distingue les contours au loin.

Dans mon dos l'horizon n'est que lumière éteinte, et je ne sais trier ce qui serait désir ou bien rémission feinte.

Posé sur mes lèvres il est un frémissement, le souffre se répand dans l'air doucement, à mes cotés les points.


Je défie la raison, défile l'oraison, je balaie les prières.

Ce ballet de Brière, qui dans l'épais brouillard, avait le goût de l'eau mais sans pointes amères pour la pluie de tes cuisses.

J'imaginais encore les contours de ton corps, et j'écrivais ces vers afin que tu ne puisses,

Dans les nuits à venir, oublier qui je suis, effacer nos hiers .


Le vent se lève, tu le sens ? Cette atmosphère...

Les oiseaux se sont tus, et dans le creux du soir,

Dans nos cœurs qui battent, devant nous pouvons voir,

Des Flammes sur la Mer.

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