Des noeuds dans les veines.

Mauvaise Herbe.

Non-sens et colère.

Et pour souffrir d’un mal que les autres ne comprennent pas ? Il faut savoir nier l’évidence.

Inventer quelque chose d’assez gros, d’assez clinquant pour que les autres nous laissent une petite liberté morte, un fichu bénéfice du doute qui n’en est pas réellement un. Il n’est qu’un grain de sel dans le vaste océan de ce qu’ils sont persuadés de savoir, la goûte citronnée sur la plaie à jamais ouverte. Enfonçons donc cette lame acide, au plus profond, plus loin, encore. Enfonçons là pour qu’elle ne transperce que le corps, survole l’esprit, embrasse la commissure de nos lèvres à jamais closes sous l’absence d’osmose. Comme un pépin écrasé, sur les petites pensées. Comme une envie d’éclater, sans cicatriser. Laissons tout à vif, éviscérons nos consciences, avortons-les, ces petits esprits qui puent le mal être. La vie nous chronomètre.

Creuse, creuse, petites griffes acérées aux trainées douloureuses dans la chair profonde de ma trachée. Crève l’emprise, enfonce donc tes ongles et n’oublie guère de laisser l’empreinte dans la cavité humide. Sais te tourner cette fois, langue douce ou chaleureuse ; écarte-toi et laisse donc partir mes démons.

On aime les autres seulement quand ils sont nus.
On apprend à s’offrir les caprices que sont leur enveloppe charnelle, à glisser des doigts sur des peaux qu’on ne connait pas, à se prétendre autre pour approcher ce qui ne peut nous appartenir, pour se sentir, pour mourir, on se rend dépendant de ce qu’on aime parce qu’on ne sait que s’étouffer quand n’aime pas. Et vous savez quoi ? Cette lâcheté familière nous suffit parfois pour être heureux. Pour le reste, pour ce qui ne fait pas partie de cette petite utopie de bonheur, il faut savoir la considérer mais surtout, l’ignorer aussi superbement que la fausseté de l’enjeu. Le physique a d’étrange qu’il enferme parfois une boule de malaise. Et pourtant, j’ai mal. Alors ?

Il faut fermer les yeux, et observer.
Laisser répandre ce petit ramassis de manières, de comportements corrects, de politesses insensées que chacun ne connait plus que par l’hypocrisie sincère. On sort du cercle quand on ne la comprend pas. Point de côté, mise en hors-jeu. Un parfum de souffre. J’hurle. On ne sait pas tous ce que cela fait, d’être un fœtus courbé, sur la cuvette d’un WC. De faire de soi son propre martyr, pour finir par oublier tout ce mépris pour les gens, pour faire de soi sa propre victime.

Nous sommes prêt à tout pour jouer la carte de l’indifférence, mais il reste impossible pour nous de nous démaquiller d’autant d’humanité, d’un coup d’un seul. Ceux qui ne se l’avouent pas sont de fabuleux menteurs. Ils meurent avec le regard noyé des chiens, ils brûlent encore d’un petit feu d’innocence, d’extrême candeur ou tout simplement de crainte de ce qui demeure véritable: on s’apprivoise seulement quand on admet les choses. A ce moment, enfin, les yeux s’ouvrent à nouveau. Les émotions se font plus vraies, le cœur palpite davantage. S’échappe de nos bouches cette petite vapeur dans la froideur du monde, s’évacue enfin les particules de l’existence ignorée.

Et la bile remonte. Réhydrate. Regorge. Du point de mes côtes, jusqu’à ma gorge.

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