Des pleins et des déliés
aleph1958
- Quand j'ai postulé pour travailler dans un pressing : ils m'ont dit : "repasser demain". je ne sais pas comment le prendre ?" (sourire)
Un concentré de vie distillée, des signes et des lettres bien agencés en mots bien ordonnés. Des pleins et des déliés, des phrases et des accents graves ou même circonflexes.
Le souvenir du crissement de la craie sur le tableau noir... le sentiment de perfection, la main fragile de l'enfant qui reproduit les lettres avec succès. Mon institutrice s'applique à dessiner au lieu d'écrire et c'est magique! A l'aube de mes cinq ans ce fut le miracle des crayons de couleurs, mêlé à l'odeur des feutres d'où exhalait l'alcool volatile qui m'offrit mes premières ivresses.
Au cours de calligraphie j'explorai ce monde étrange de courbes et de combinaisons subtiles d'entrelas.
Ma vie a coulé de source comme l'encre qui glisse de la plume "sergent major" et se répand si délicieusement sur le papier. J'explorais l'espace infini de mon esprit sans savoir que c'était çà l'imaginaire. Silencieuse et comtemplative, j'arrivais péniblement à vingt ans déjà en miettes... étrangère au monde rationnel j'entrais malgré moi dans le vie active qui me rongea sournoisement l'imagination.
Etudiante la nuit, caissière et secrétaire le jour, j'abordais tous les métiers comme autant de bâteaux en partance : photographe, scénariste, vidéaste, j'échouai dans le monde médiatique en assistante de journaliste radio ... j'ai toujours picoré la vie avec gourmandise.
L'amour comme moteur à essence. Du haut de mes trente ans l'énergie du désespoir fut ma came, je sombrais dans la misanthropie affable.
Il faut dire que mes nouvelles n'ont rien de nouveau mais les mots sont autant de bouteilles à la mer.
Une plume et une feuille suffisent à mon bonheur : quel luxe !
L'écriture échappe à tout système mercantile. L'évasion est à portée de plume.
La vie se résume à des signes : au commencement était le verbe.
Un feuillet pour extrait d'acte de naissance, et puis un acte de décès.
- Ma vie, comme la vôtre commence et se termine sur une page blanche...
Chapeau Bas ! Bravo l'artiste !