Des pressions

mesnil-au-pain

Depression


Sous le plafond sombre l'atmosphère gronde
Le niveau du baromètre dans l'ombre s'effondre
La fatigue plus sourde chaque jour
Se dépose en couches plus lourdes

A bâbord à tribord, sa tête déborde
Plus que ses mains ne se brûlent à tirer cette corde

Couverte de cicatrices, sans la moindre blessure
Qui se joignent en bissectrices, vierges de coulures
Tant de si petites futiles causes
Face à la Grande Histoire qui s'impose

Tandis qu'elles se saisissent, les saisons se matérialisent
Et je vois le temps sans retenu, s'écouler en traînées ténues

Alors elle plonge dans ces jeux qui la rongent
Je t'en prie n'y va pas, je connais bien tout ça :
L'ancre qui te hante, la tentation qui tourmente
Et le vide pour le vide, faire passer l'attente.

Elle, dont les perles, sur le front et les joues, était notre lait
Qui nous abreuvait à nos pleurs comme il lui plaisait

Comme la plante dans le pot, qui retient l'argile dans l'argile
Et condamne au repos la croissance des racines fragiles
Je n'ai qu'un arrosoir pour donner à boire
Avatar d'un pouvoir à l'extension dérisoire

Quand deux ou trois ondes, gouttes tombées en une seconde
Pouvait alors lui dessiner un monde

Asséchée, elle donne ses couleurs, et prends un ton d'automne
Dans sa parure de conifère qui tombe aux sedums
Et berce sa vieillesse aux sagesses de son âge
Qui rend amer la sève qu'elle perd sans ménage


Mais tant qu'à pleurer, ses larmes scintillent
Dépossédée de ses armes, percée d'aiguilles
Invisible à ces drames, armature de famille.

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