Des traces

Möly

Il y a des traces

Partout 

Sur mon corps. 

Des traces vives

Brûlantes

Suintantes. 

C'est pas des plaies

C'est plus subtil

Mais ça fait mal

Sournoisement. 

Car je ne les vois pas 

Mais je les sens. 

33 ans. Elles se réveillent.

 Pourquoi maintenant ? 

J'ai supporté, tout ce temps 

Je les ai cumulées, 

Ces traces du passé.

C'est comme si 

Des flammes m'avaient donné 

Des coups de langue ardents 

Sur la peau. 

Comme si des braises avaient effleuré

Délicatement, l'épiderme 

De ma peau.

C'est excitant, la douleur 

C'est du désir à genoux 

Suppliant 

C'est passionnant la douleur 

Ça t'appelle à toute heure 

Te pousse dans

Tes retranchements. 

Et puis un jour 

Ça cesse d'être un jeu

Ça cesse d'être un feu

Ça n'est plus que cicatrices, 

Plaies à vifs, 

Face à face avec le nu

De nos angoisses. 

Les souvenirs nous hapent 

Chute vertigineuse, 

La douleur est autre. 

La douleur est l'autre. 

La solitude. 

Face à cette soudaine mise à nu

De nos peurs.

De ces réminiscences enfouies, 

Qu'on aurait préféré abandonner 

Au bord du lit. 

Me voilà, alors

Face au miroir

Devant ce corps

Que je ne veux plus incarner

Face à moi-même

Et le puits de solitude en moi, 

Que j'ai creusé. 

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