Des vacances ordinaires

katherineravard

Des vacances ordinaires


Mardi 4 juillet 2012, autoroute A666.

Paul Devers et sa famille.


Ca faisait maintenant plus de quatre heures que nous roulions vers le Tholonet, un petit village de 2.200 habitants que ma femme Elisabeth avait sélectionné pour les vacances d'été après avoir éliminé Barcelone et la Floride. Au grand désespoir de ma fille Louise qui rêvait de bronzer sur une plage idyllique des Caraïbes. Elisabeth klaxonna nerveusement avant de dépasser une Audi break de couleur noire qui n'avançait pas assez vite à son goût.

-   Tu vas trop vite maman, s'exclama Julien au fond de la voiture. Papa va      encore faire une crise cardiaque ! ».

Moi, je ne disais rien, comme d'habitude. C'était interdit dans le règlement de la maison. Ça ne servait à rien car elle avait toujours raison, enfin c'est ce qu'elle croyait… « Si seulement je n'avais pas épousé un claustrophobe incapable d'imaginer un boarding pass sans faire une crise d'urticaire aiguë ruminait-elle pendant ce temps-là, les mains crispées sur le volant…

Placé à côté d'elle dans la voiture, je vis sa lèvre inférieure se raidir comme si elle préparait déjà une nouvelle attaque verbale. Sa mauvaise humeur augmentait mon angoisse et les palpitations de mon rythme cardiaque. Je sentis ma boule à l'estomac gonfler inexorablement... Comme il y a deux semaines avant notre départ en vacances. C'était déjà le stress dans ma tête en voyant le programme de vacances -genre camp militaire- qu'elle nous avait programmé.  Des colonnes de chiffres qui détaillaient notre escapade de vacances, le poids des bagages à ne pas dépasser et le temps approximatif pour les pauses pipi. Ma femme était une machine à compter, une calculatrice sur pattes qui prévoyait tout et n'importe quoi. Elle pensait toujours à ce que d'autres auraient voulu ignorer en parfaite connaissance de cause…Mes parents l'avaient toujours trouvé parfaite. Moi, je la trouvais trop parfaite. Comme si on lui avait demandé de tout manager. Qui pouvait bien rêver d'une carriériste qui prenait son foyer pour l'antichambre de son bureau ? Personne et même pas moi. J'avais voulu vivre en parfaite harmonie avec une femme qui maîtrisait plus les analyses boursières que la recette du bonheur conjugal. Et je n'avais rien vu venir. Ni son ambition démesurée, ni ses brusques montées d'adrénaline qui coloraient rapidement son visage d'une couleur rouge vif pendant qu'elle déchargeait ses paroles venimeuses dans mes oreilles … En sortant le sac de médicaments qui ne quittait jamais la boîte à gant, je pris un tube d'Axiome23, mon médicament préféré. J'avalai le cachet magique pendant qu'elle fixait le rétroviseur. Une douce torpeur m'envahit rapidement. Je baissai la vitre pour laisser passer un peu d'air. Pendant que Julien et Louise dormaient au fond de la voiture, je commençais à m'assoupir. Et le passé refit surface une nouvelle fois…

C'était en 1955. A cette époque, aucun nuage noir n'aurait pu troubler mon optimisme notoire ni la confiance que j'accordais à la vie. Le 8 mai 1955, nous avions été invités avec mon frère Edouard chez des amis de longue date qui fêtaient leur anniversaire dans la grande maison en meulière héritée de leurs parents. La foule était nombreuse lorsque nous sommes arrivés. Les convives se battaient déjà devant le buffet pendant que l'orchestre de jazz interprétait les standards américains de Glenn Miller.

-   Edouard, je crois que tu as bien fait de m'embarquer à cette fête,        m'exclamais-je en dévisageant les jolies femmes qui bavardaient gaiement        dans le salon.

A 24 ans révolus, Edouard avait gardé un mental d'adolescent. Persuadé d'avoir un destin hors du commun, il fallait toujours qu'il se fasse remarquer en provoquant ses interlocuteurs dans des discussions orageuses qui finissaient souvent très mal …

-   Attention mon vieux, voilà la maîtresse de maison qui revient vers nous ...

-   Paul ! Edouard ! Quel plaisir de vous revoir parmi nous... Et le cadeau pour        Jacques, magnifique ! Vous nous avez trop gâtés !!!

-   Ce n'est rien q…. voulut commencer Edouard mais elle avait déjà tourné    la tête vers une autre personne. Après quelques minutes, elle s'aperçut que nous étions toujours figés à côté d'elle.

-   Mais ne restez pas plantés comme ça, s'exclama t'elle en jetant nerveusement la fumée de sa cigarette dans mes narines.. allez plutôt danser avec Léa et son     amie, elles en meurent d'envie…. 

Léa était sa fille aînée. Une grande bringue de 20 ans, genre sympathique mais sans conversation. Je l'embarquai avec désinvolture vers le groupe de danseurs qui se défoulaient sur une musique de rock. Les couples se formaient et se reformaient devant nous. J'étais un piètre danseur de rock et je fus soulagé lorsque la série des slows arriva. Avec le fameux Serenade moonlight qui percuta mes oreilles. Si j'avais su que Glen Miller allait me conduire au mariage un an plus tard, je me serai sans doute désintégré dans l'espace…A l'époque, son surnom était Lili. Je me rappelle encore aujourd'hui du froissement de sa robe lorsqu'elle passa devant nous avec son amie Stella. Je me retournai sur son passage ce qu'elle ne manqua pas de remarquer. Elle portait une robe à fleurs rouges qui lui allait comme un gant et elle jouait à faire virevolter sa chevelure brune qui tombait gracieusement sur ses frêles épaules. Léa me secoua l'épaule brusquement en me rappelant qu'elle était mon unique cavalière. Je m'appliquai dès lors à scruter discrètement la silhouette de la femme inconnue qui s'av…

 -    Papa ! Tu dors ? P.. Papa, ON EST ARRIVES !

 C'était mon fils Julien qui me criait dans les oreilles. Je fis un bond imaginaire de deux mètres pour réintégrer le présent. Enfin j'y étais. L'autoroute, le départ en vacances…. Mon estomac se gonfla en voyant la silhouette d'Elisabeth cent mètres plus loin et plus âgée que dans mon rêve. Elle avait garé l'Audi sur l'aire de stationnement. Je ne m'étais rendu compte de rien. Je détachai la ceinture et descendit rapidement de la voiture pendant qu'elle faisait bande à part avec Louise.

-    Julien, comment se fait-il que nous soyons sortis de l'autoroute ?

-    Papa, tu sais bien que la pause déjeuner était planifié pour 12h30     maximum ! Alors, quand maman a vu le retard qu'elle avait pris sur le planning,    elle a voulu prendre  la première sortie qui s'offrait à nous... c'est  d'ailleurs un jour de chance car nous allons éviter les sandwiches bio au saumon que tu     détestes tant….

-    Tu as raison Julien, murmurai-je avec effort. C'est plutôt mon jour de chance     aujourd'hui...

Je détestais le poisson par-dessus tout. Et à chaque départ en vacances ma femme faisait exprès de me préparer des sandwiches au saumon ou recouverts de tarama. Ca lui permettait de me traiter facilement de vieux maquereau bien que je lui ai souvent rétorqué qu'il y avait plus de morues dans les rues des villes que de maquereaux dans les océans... Ca n'était pas très raffiné mais ça me défoulait sur le moment en attendant sa prochaine attaque verbale... Nous nous dirigeâmes vers l'auberge en pierres meulières qui grouillait de monde. L'ambiance était joyeuse. Les enfants jouaient sur la grande terrasse aménagée spécialement pendant les périodes d'affluence. Julien accélérait le pas pour rejoindre Louise et Elisabeth qui étaient déjà à l'intérieur..

-   Papa dépêche-toi, maman va encore nous allumer…

L'intérieur était plus tranquille, les couples préférant déjeuner en terrasse. J'admirai la clarté du ciel pendant plusieurs minutes encore avant d'enjamber les marches de l'entrée.

-   Julien, il est où ton père ? C'est pas possible, pire qu'un gosse !!

-   Il arrive maman, t'inquiètes pas répondit Julien déjà assis en face de sa       mère. Bon, si on prenait la commande au lieu de l'attendre ?

-   Si tu veux, regarde le menu, je vais voir ce qu'il fait …

-   C'est pas la peine maman, cria Louise qui venait de voir ma silhouette        s'avancer, papa arrive….

Pendant ce temps, le gérant s'était approché de notre table pour prendre la commande. C'était un grand gaillard ténébreux à la carrure bien charpentée un peu dans le genre de Rock Hudson. D'ailleurs, l'attitude d'Elisabeth changea du tout au tout lorsqu'elle croisa ses grands yeux qui semblaient vouloir l'hypnotiser.

 -  Que pourriez-vous nous conseiller aujourd'hui, lui demanda t'elle avec une    voix qui me sembla complètement étrangère ?

-   Aujourd'hui madame, je vous suggérerai plutôt le steak tartare, un vrai délice      pour une femme aussi délicieuse que vous, si je peux me permettre ...

Sa voix était grave et langoureuse comme s'il souhaitait l'envoûter. Plein d'une assurance sans limite, il continua son discours...

-   Vous n'allez pas regretter de vous être arrêtés ici, nous allons vous servir un      bon déjeuner que vous n'oublierez pas…   si, si vous verrez… d'ailleurs, nous        avons un  nouveau cuisinier hors norme depuis 15 jours…. même le sandwich club n'a pas le même goût ici qu'à Paris !

-   Alors, si vous le dites ajoutai-je ironiquement …

Louise posa son lecteur MP3 sur la table.

-   Je crois que je vais encore succomber au sandwich club, s'exclama t'elle dans      un  élan joyeux ! Avec une menthe à l'eau, s'il vous plait !

-   Et toi Julien ?

-   La même chose murmura Julien, visiblement plus intéressé par le manège des      jeunes filles britanniques qui déjeunaient à la table d'à côté.

-   Bon, continua Elisabeth… je vais opter pour  un steak tartare et toi Paul ? Pauuulll tu dors ???

J'entendais encore l'orchestre de Glen Miller qui résonnait dans mes oreilles.

-   Un f…faux-filet frites, s'il vous plait avec un demi panaché ….

Le patron s'éloigna pour passer la commande pendant qu'Elisabeth en rajoutait une couche sur son obscur objet de convoitise :

-   Paul, tu penses quoi de ce restaurateur  ? Moi, je trouve personnellement qu'il     a plutôt l'allure d'un musicien…

-   C'est sa tenue vestimentaire qui n'est pas banale … pantalon en cuir, santiag'     et tatouages sur le bras, ca n'est pas ordinaire pour un gérant...

-   Ouais, je n'ai jamais vu ça renchérit Julien. Et pourtant j'ai l'habitude de    fréquenter des pubs avec les copains…

Nous sentions l'odeur de la viande grillée qui nous émoustillait les papilles.

-   Tu étais passée où Louise ? Pour l'amour du ciel, t…

-   Mamaaan, tu sais que je ne suis plus une gamine !! Et je crois que je peux   encore aller dans les toilettes d'un pub en plein mois de juillet sans me faire   enlever … Tu ne crois pas ?

Mais Elisabeth ne l'écoutait plus. Elle fixait maintenant le couloir en direction des cuisines. Dix minutes passèrent sans qu'elle ne bouge. De nouveaux clients arrivaient et le restaurant commençait à être bruyant. Après un petit tour dans les toilettes, Louise revint à notre table :

-   Si vous voyiez la déco des toilettes… c'est dingue, je n'ai jamais vu un truc         pareil !

-   Louise a découvert l'Art déco, c'est un exploit… ricana Julien.

-   Va voir toi-même au lieu de critiquer, tu m'en diras des nouvelles….

-   Tu as vu quoi de si extraordinaire…explique, vas y soeurette !

-   D'abord, c'est difficile à décrire …. tu te retrouves dans une petite entrée dont     les murs sont recouvert de lambris en bois exotique… et avec des masques           de carnaval accrochés partout, si tu voyais ça !

-   Attention, les enfants, les plats arrivent !

Pendant que le serveur déposait les assiettes encore chaudes, Elisabeth fixait la fenêtre extérieure. Comme si un interlocuteur invisible l'appelait pour lui confier un message…

-   Mange Elisabeth, qu'est-ce-que tu as ?

-   Paul, je ne me sens pas bien, je crois que je vais aller prendre l'air dehors, ca       me fera du bien…

-   Veux-tu que je t'accompagnes ?

-   Non, non ! Reste là avec les enfants… Je ne serai pas longue, juste le temps         de m'aérer un peu avant de reprendre la route.   

Elle se leva de table l'air un peu hagard et se dirigea d'un pas rapide vers la porte extérieure. C'était la dernière fois que la voyais.

Lundi 25 juin 2012,

Boutique des Sortilèges, Paris XIème.

 -   Parce qu'il ne sait toujours pas où ça va se passer  ? 

Démos n'avait pas encore bien compris où voulait en venir son associé Stanislas Danfer qui levait les yeux au ciel pour ne pas piquer une crise de nerfs.

-    Sûrement pas,  Démos ! C'est trop dangereux pour nous si le client connaît        tout le programme à l'avance… Rappelle-toi de l'affaire Edouard E. !     On     a failli tout foirer et pourquoi ?

-   C'est vrai, Stanislas. J'avais oublié.

Malgré de récentes cures de vitamines enrichis aux acides gras, Démos Brain avait toujours la cervelle plus percée qu'un gruyère hollandais.

-   Donc, reprit Stanislas, le plus important à partir d'aujourd'hui, c'est  de      monter un dossier béton avec le client mais sans jamais lui donner le jour  ni le lieu de l'exécution …

Démos restait pétrifié devant le visage vindicatif de son associé qu'il connaissait pourtant depuis un paquet d'années…

 -  D.. d'accord, Stanislas mais il faudra aussi arriver à déterminer si la disparition sera passagère ou définitive… alors que le client ne le sait peut- être pas lui-même au  moment où il vient signer …

-   Tout juste, Démos. Tu te rappelles le cas de Mme Bernard. Elle croyait que          son mari était définitivement mort dans l'accident de voiture qu'on avait    programmé pour elle mais heureusement qu'il était resté bloqué par erreur          dans la Zone de  Transit …. On a pu lui rendre son mari deux mois plus tard et  en pleine  forme !

 - C'est vrai…. On a eu de la chance sur ce coup-là et Mme Bernard aussi       d'ailleurs, ricanait Démos en avalant sa tasse de café... Mais, dans   l'immédiat, il faudrait essayer d'éviter de nouvelles erreurs de parcours et faire en sorte que les policiers du quartier aillent fouiner plus loin…

-   Dis-donc rugit Stanislas, tu ne crois pas quand même pas qu'on va laisser ces     maudits keufs continuer à nous faire des embrouilles ? Manquerait plus que  ça, avec notre réputation d'enfer !!

 Démos trouvait que la température de la pièce commençait à augmenter dangereusement.  Et il croyait en connaître la cause. A chaque fois que Stanislas se mettait en colère, il n'arrivait plus à contrôler l'énergie bouillonnante qui coulait dans ses veines. Tout ça à cause d'une potion magique donnée à sa naissance par une sorcière trop zélée qui s'était trompée dans les doses. Pourtant, son père Méphisto l'avait prévenu avant de quitter la Maison des Enfers :

-    Mon fils, si tu veux passer inaperçu au cours de tes voyages, contrôle        toujours  ton tempérament fougueux et l'énergie destructrice qui se libère à       chaque fois que tu est contrarié. Autant ici, tu pouvais donner libre cours à tes     délires sans problème, autant sur Terre, si tu veux réussir ta mission, il  faudra mettre un frein à ton tempérament trop endiablé…

-    T'inquiètes pas p..papa, répondait Stanislas, je ferai ce qu'il faut pour que ces   maudits Terriens ne se doutent de rien….

Afin de ne pas faire exploser de rage son associé qui commençait à engranger une fumée suspecte autour des oreilles, Démos ne répliqua pas et se contenta de regarder distraitement par la fenêtre le ciel qui commençait à s'obscurcir… Le cimetière du Père-Lachaise donnait juste derrière la boutique. Dans le XXème arrondissement de Paris. Stanislas avait toujours voulu s'installer dans ce quartier. Déjà en 1820, il avait fait un long voyage touristique avec son cousin Henge Daïchu qui l'avait trimballé dans les principaux cimetières français. Mais la capitale avait tout de suite eu sa préférence et il s'était promis de monter une affaire juteuse près du Père-Lachaise dès qu'il le pourrait.  Ce qui fut chose faite en septembre 2010 grâce à l'héritage d'un vieil oncle qui lui laissa de grosses liquidités et des terrains près des Carpates en Roumanie. La Boutique des Sortilèges était non seulement un magasin de farces et attrapes pour enfants mais aussi le temple d'activités plus louches telles que le racket ou les disparitions temporaires avec demande de rançon. Le catalogue des prestations offertes était en perpétuelle augmentation selon les desiderata des deux gérants. Stanislas avait tout de suite adoré l'atmosphère du Père-Lachaise. Il appréciait l'architecture des stèles et des chapelles funéraires qui s'y trouvaient. Et comme il adorait aussi les endroits à la mode et les personnages célèbres, on peut dire qu'au Père-Lachaise, il était gâté. D'ailleurs, il aurait fait n'importe quoi pour rencontrer un VIP (de préférence vivant)… Contrairement à Démos, très casanier et plutôt satisfait de son petit train-train quotidien...

-   On a beau mener un train d'enfer… on ne décolle pas, Stanislas. Tu as vu le        résultat net ? C'est pas terrible comme bénéfices…

Ils venaient de se plonger tous les deux dans les tableaux de compta. Stanislas était perplexe.

-   Tu vois Démos, ce qu'il nous faut vraiment pour réussir à nous développer au    niveau national, ce sont de gros contrats  juteux dans le monde des affaires et        du show business .. Tu vois ce que je veux dire ! Pas   des contrats à la petite semaine…. Alors, prospecte mieux et dégote-nous des clients d'enfer comme   par exemple des rockstars ou bien des acteurs de cinéma ...

-   Et des sportifs aussi ?

-   Des sportifs, si tu veux…surtout des footballeurs, élimine le patinage ou le          hand', ca rapporte nada

-   Je crois que j'ai pigé, Stanislas. Je vais développer une nouvelle   approche     commerciale en béton... Et si les choses s'améliorent  rapidement, on pourra bientôt s'offrir un joli rectangle en bois  blanc à côté de Jim Morrisson !

 Stanislas devint tout rouge à l'idée de voir son nom gravé près du chanteur des Doors, son idole depuis de nombreuses années. Il contourna le grand bureau qui jouxtait la fenêtre et dégaina une Kamel filtre de son étui à cigarettes. La fumée couleur aubergine se répandit dans toute la pièce.

 -   Si tu démarrais tout de suite ton nouveau business plan, Démos ? C'est      peut-être  le moment avec toute la pile de courriers qui dort sur ton bureau ?

-    C'est vrai qu'on a du pain sur la planche. J'aurais jamais pensé recevoir   toutes ses demandes…

 -  En tout cas, inutile de t'encombrer avec des sous-fifres qui émargent à        moins de 400KF …Occupe-toi des cadres sup' en priorité !

-  Ok ! Vu qu'on a le choix pour le moment, on va pas se priver renchérit-il. D'ailleurs, je l'avais  dit au pater avant de partir…c'était du fingers in the nose ! Ces terriens, ils   sont toujours prêts à payer le prix fort pour pas se   mouiller ..

-  Ouais…des vrais hypocrites, confirma Stanislas… Heureusement qu'y savent      pas qu'on est millénaristes et qu'on va les suivre encore quelques  années !  Tu sais, j'en ai des dizaines qui veulent se débarrasser de leurs  concubins   ou de leur belle-mère et encore je te passe les propositions de cambriolages de banques, et le racket auprès de la famille….

-   C'est dingue, reprit Démos. Au fait, le prochain que tu as sélectionné, ce   Paul Devers… il fait quoi au juste ?

-    C'est un cadre administratif qui travaille dans un laboratoire   pharmaceutique. Marié à 20 ans, il regrette que sa dulcinée  soit devenue une vilaine sorcière dominatrice qui lui mène un vie d'enfer…

-    Pas d'autre femme ?

-    Même pas… il a l'air trop neuneu pour se taper un p'tit encas de temps en         temps ! Faudrait peut-être que je lui présente quelques copines… l'enfer est       pavé de bonnes intentions, ricana Stanislas.

-    Stan, la dernière fois qu'on a commencé  comme ça, on a déconné toute la     nuit… C'est pas raisonnable !

Mais Stanislas ne l'entendait pas de cette oreille.

-   Ecoute bien celle-là Démos, elle est top …

    Un pasteur demande à une de ses ouailles :

    Quel est votre avis sur l'Enfer et le Paradis ?

    Je suis gêné pour vous répondre, j'ai des amis des deux côtés…

Stanislas, fier de lui, rigolait comme un tordu.

-   Elle est plus raffinée que d'habitude, s'exclama Démos en parcourant un    nouveau dossier. Une fois n'est pas coutume…. Bon si on bossait, Stan ??

-   Tu as raison, il faut savoir redescendre sur Terre. Tiens, passe moi plutôt la         photo de l'ingénieur, j'ai pas bien vu son visage tout à l'heure…

Démos lui passa la seule photo qui traînait dans le dossier.

-   Bon allez maintenant on va s'occuper sérieusement des vacances d'été de
    Mr  Paul Devers….. Et vu son dossier, on le passe en priorité !

  Articulation en 10 épisodes                         

 1er épisode

a)  Paul Devers part en vacances avec sa famille par l'A666. En cours de route, ils s'arrêtent dans une auberge pour la pause déjeuner et là, vous n'allez pas me croire…. au moment de repartir, plus de mother, disparue !  b) Stanislas et Démos ont reçu la demande écrite de Paul Devers qui souhaite faire assassiner sa femme par l'intermédiaire de leurs services. C'est pas joli joli mais que voulez-vous, après 20 ans de vie commune, faut s'attendre à tout…

 2ème épisode

a) Comme vous vous en doutez, les as de la police seront appelés en renfort et toutes les personnes présentes sur les lieux seront soigneusement interrogées. 

b) L'équipe de Stanislas récupère Elisabeth et la séquestre dans un lieu tenu secret (description). 

 3ème épisode

Cinq jours après la disparition d'Elisabeth, l'enquête n'aboutit pas. Paul et ses enfants quitteront l'auberge pour retourner  chez eux. En tombant par hasard sur le portefeuille de son père, Julien découvrira une annonce découpée dans le journal concernant la Boutique des Sortilèges et une date de rendez-vous. Il finira par se rendre sur place et découvrira petit-à-petit que la Boutique cache des activités criminelles comme le kidnapping ou les rackets en tout genre…

 4ème épisode

Stanislas et Démos décideront de passer l'enlèvement d'Elisabeth Devers en disparition temporaire. Elle sera embarquée dans la Zone de Transition où nous découvrirons différents personnages en attente de leur sort … Notamment des musiciens avec qui elle va sympathiser (mais je garde le meilleur pour ceux qui liront l'épisode)…

 5ème épisode

Pris de remords, Paul n'arrive pas à refaire surface malgré le traitement de choc de son médecin. Il fait des cauchemars en permanence et reste persuadé que le fantôme de sa femme erre dans son appartement.  Pour se calmer, il retourne demander conseil à Stanislas qui le met dans les bras d'Isabelle.…

 6ème épisode

Paul avoue à son fils qu'il est bien le commanditaire de l'assassinat de sa mère. Sous le choc, Julien part quelque temps vivre chez son meilleur ami, Bruno. Devers est maintenant complètement sous la coupe d'Isabelle qui l'ensorcèle  grâce à des maléfices sataniques. Il finira par accepter de voler des documents ultraconfidentiels concernant un nouveau médicament révolutionnaire dans le laboratoire pharmaceutique où il travaille.

 7ème épisode

Au fil des semaines, Paul Devers a trahi ses collèges et son entreprise. Le secret de fabrication du L202 a été monnayé par Stanislas à des acheteurs étrangers.  Au terme d'une enquête épineuse, l'inspecteur Dubois met finalement en place une surveillance approfondie devant la Boutique des Sortilèges. 

 8ème épisode

Elisabeth ne souhaite pas réintégrer son ancienne vie avec Paul Devers. Elle se découvre des dons de chanteuse et apprend la guitare électrique avec les musiciens du groupe les Nevada Angels. Elle travaille à fond dans le but de faire une reconversion professionnelle comme chanteuse professionnelle …

 9ème épisode

Julien découvre dans la rue un poster du groupe les Nevada Angels et reconnaît sa mère …Avec sa sœur Louise et des amis, ils assistent à son concert dans une salle parisienne et l'attendent à la sortie…

10ème épisode

Elisabeth  deviendra une chanteuse célèbre et écumera les salles de concert. Paul sera finalement incarcéré à Fleury Mérogis suite aux dénonciations d'Isabelle qui essaiera de le faire évader.... (suite pour une éventuelle publication).

Auteur (pseudo) : Irène Delaunay

Fait le 25/10/2012 à La Rochelle.

 

 

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