Désir d'écriture
aile68
Dans la grande bibliothèque tapissée de livres d'histoire et de lambris de bois, j'ai imaginé un poème sans rimes, sans métaphores, il n'avait de poème que sa poésie et ses vers d'une liberté rare, voisine d'un matin d'été sans nuages, tout léger, tout léger. Des personnages faisaient vivre ce poème, des gens que j'ai aimés, d'autres qui n'étaient présents que par leur étrangeté, une femme à barbe, l'émouvant et triste Elephant Man, plus malheureux que les pierres dans le froid glacial d'une Sibérie austère qui tranche avec l'atmosphère paisible et feutrée de la bibliothèque aux mille livres. On y chuchote comme dans un dortoir immense, le moindre bruit est comme une injure au silence profond qui y règne, on s'inquiète du moindre souffle, du moindre soupir, on a le sentiment effrayant d'être seul avec soi-même. Entourée d'une muraille de livres de différentes dimensions, j'écris comme si il en allait de ma vie dans l'odeur écoeurante de manuels anciens, ma place n'est pas dans cette bibliothèque mais dans une forêt traversée d'une rivière florissante de jets d'eau enchanteurs. Me laisser entraîner par une vie possible mais je ne fais que l'effleurer du bout de mes doigts transis et une imagination flétrie, me laisser recréer, façonner par un air de Pan, renaître enfin dans l'odeur de résine et la sève des pins puissante et régénératrice. Je suis un être de la nature qu'on a déraciné et replanté dans un milieu artificiel, je n'ai pour ciel que le plafond haut d'une bibliothèque tapissée de livres et de lambris de bois. Je n'aime plus que le frémissement des feuilles qu'on arrose et celui des pages que l'on tourne. Chaque livre, chaque manuel, chaque bouquin que l'on ouvre est une aventure plus ou moins heureuse, il me suffit de penser qu'un jour je m'évaderai pour de vrai avec pour tout bagage le souvenir de mes origines, racines culturelles qui se déplacent dans un espace-temps factuel et imaginaire. Le passé se fond dans un présent aux multiples réalités, celle d'une époque où j'aimais les livres est encore bien vivante, aujourd'hui j'écris des textes sans pages ni couverture, libre sensation d'avoir vécu avec la seule quintessence du désir d'écriture.
Ton texte est ambiguë et complexe ... retourner à l'état sauvage pour pouvoir raconter les origines de la vie, revenir aux sources en oubliant les réseaux de toutes sortes. Vaste projet !?
· Il y a plus de 3 ans ·daniel-m
J'ai écrit ce texte presque d'une traite sans trop réfléchir, la forêt avec la rivière est pour moi un paysage idéal, sublime qui m'inspire beaucoup. Je le fais vivre dans mon imagination, pour moi c'est vital même si je ne fais qu'imaginer cet endroit. L'imagination, mes origines et ma culture, m'ont formée. Mon désir d'écriture dans le passé me venait parfois de mon désir d'évasion. Dans ce cas l'écriture était un refuge pour la pauvre plante déracinée que j'étais. J'emploie ici l'imparfait alors dans le texte le temps est au présent: parfois passé et présent se mêlent entre eux. Voilà j'espère avoir éclairé ta lanterne.
· Il y a plus de 3 ans ·aile68
Tu n'as pas besoin d'éclairer ma lanterne. Tu fais partie des rares auteurs de ce site que je lis encore moi qui ai perdu le gout de l'écriture. Pour moi tes textes coulent de source car je comprends ce que tu écris. Non seulement ça me plait mais en plus ça me rassure :o)))
· Il y a plus de 3 ans ·daniel-m
Merci danie! pour toutes tes visites et appréciations!
· Il y a plus de 3 ans ·aile68
Attention, se méfier des bibliothèques, on peut en oublier de vivre. :o))
· Il y a plus de 3 ans ·Hervé Lénervé
Hélas oui!
· Il y a plus de 3 ans ·aile68